UTSL : Under the silver lake.
Je me suis longtemps posé la question avant de me lancer dans l'écriture de l'avis sur ce film : finalement, qu'est-ce que j'aurai à raconter de plus que ce qu'en ont dit les autres ?
Au delà ,quels traces a t-il laissé sur moi ? après trois visionnages en quatre jours il me semble que je n'ai pas encore complètement digéré le film, il me trotte, il me hante encore. Sa bande son, signée disasterpeace qui est mémorable, rappelle celles des films de l'âge d'or hollywoodien, de Cecil B De Mille ,des films de Humphrey Bogart et du cinéma bis des studios Universal (Monster from the Black Lagoon est référencé sur un poster dans la chambre du protagoniste.) Et cette OST illustre le va et vient entre ce glorieux passé -idéalisé- et notre époque de décadence ou la magie semble avoir déserté la cité des anges.
Sam s'inscrit dans ce sillage la. Trentenaire, déclassé et sans emploi -et bientôt sans voiture- c'est un nerd qui a renoncé à tous ses rêves et vit dans une forme de cocon qu'il s'est constitué autour des fétiches de sa jeunesse/adolescence (poster dédicacé de Kurt Cobain, NES, comics Amazing Spider Man* ...), Fétiches autour desquels Sam s'est construit et a nourri son imaginaire. Ce fétichisme omniprésent dans tout le film rappelle que l'époque que nous vivons est remplie de désillusions et de rêves brisés (l'image du SDF comme figure ultime du déclassement revient par exemple avec le personnage du Homeless king et sa dérisoire couronne en carton) et que nous construisons nos vies sur des mythes qu'on désigne sous le nom de culture pop qui est, comme le dit me compositeur, le fruit de l'ambition d'autres hommes. En parlant de ce personnage ,ce qui m'a marqué c'est qu'on voit que c'est une sorte de dieu intemporel et omniscient comme s'il savait à avance que Sam viendrait pour lui parler de la chanson du groupe Jésus ans Draculas' bride et qu'il connaissait tout de la vie de son hôte.
Sam mettra un terme à son existence dans une séquence hallucinée, en le massacrant à coup de Fender, lui fracassant le crane ...Quelque part, cette scène peut être vue dans la perspective oedipienne de "tuer le père", le compositeur étant à l'origine de toutes les chansons qui ont accompagné les rebellions de son adolescence...
Mais à travers le personnage principal le réal nous livre en réalité un portrait de notre génération, celle des 25-30 ans, nés entre le début des années 80 et la fin 90 qu'on désigne généralement sous l'appellation "génération Y" et qui ,arrivant à la trentaine est désabusée. En ce sens Edward Norton dans Fight Club préfigure Andrew Garfield dans UTSL presque 20 ans après.d'ailleurs c'est dingue ! L'un est quasiment l'anagramme de l'autre à 1 lettre près, le N de Andrew et le deuxième D de Edward. Ce xxi e siècle dans lequel l'homme blanc occidental est déprécié, mis au ban des accusés par le néo-féminisme castrateur et aliénant. En ce sens la scène des toilettes comme un pied-de-nez l'idéologie MeToo et montre un Sam, en position de vulnérabilité jeté en pâture à une meute de femmes-chiens qui aboient de concert comme un miroir tendu à la nouvelle inquisition qui tend à imposer la vision de la femme en victime perpétuelle d'un supposé patriarcat.
you live in a carnival, hoping to win a price.
Le moment clé du film ,le climax (ou le point culminant) est la scène de fin. Et la révélation de la disparition de Sarah.
Well I guess there's no way out. So I should as well make the best out of it.
Yeah. Same here.
Ce dialogue contient tout le film. On y voit les retrouvailles avec Sarah, qui a servi de fil rouge à tout le film et qu'il finit par retrouver sous un bunker enterré dans les collines du Mont Hollywood, dans une grande pièce garnie de meubles et de tout les équipements de confort, après avoir passé tout le film à la chercher, tuant, tabassant et déchiffrant les chansons d'un groupe de pop, trouvant un code caché. C'est un peu l'aboutissement de la quête. Révélation : Sarah n'est pas morte. Elle est sous terre avec un gros riche et passe son temps à regarder des films ou à se faire troncher,
parce qu'elle n'arrivait pas à trouver le sens de cette vie terrestre, et, donc à attendre la mort (L'Ascension, pardon) en suivant une sorte de rituel funéraire inspiré des pharaons. C'était sa seule manière de donner du sens à son existence. Devenir une "divinité" en accompagnant un nouveau roi dans la tombe...
Choix auquel Sam, las et arrivant au bout de son chemin réalise qu'il va être confronté : maintenant qu'il a retrouvé son amie et fait son deuil de la revoir encore sa raison de vivre est perdue à nouveau et il se retrouve comme au début. Comment va t-il lui retrouver un sens ? : Sam séduit la vieille et couche avec elle pour éviter de se faire expulser. Dans le fond le simple fait de quitter son appartement avec ses effets personnel, au nez et à la barbe de son propriétaire, lui suffisait et ,métaphoriquement en faisant cela il accepte de prendre enfin sa vie en considération et de dépasser son nihilisme pour en tirer le meilleur parti.
voilà mon avis sur le film, qui m'a bousculé et qui, j'espère séduira les lecteurs de Sens Critique qui tomberont sur mon avis. En un mot :envoûtant
Plus je réfléchit et plus je me rend compte, que Sam est sociopathe sur les bords, au moins un autiste: quand on tue Callie Hernandez, qui joue la fille du milliardaire, et qu'il la voit couler sous ses yeux, on le revoit le lendemain, à poil , allongé sur le sol de sa salle à manger. Et il va alors résoudre l'énigme du bracelet de Jefferson. Comme si Ce mec n'accorde pas ou peu d'importance à la vie humaine, en dehors de Sarah. C'était la minute psychologie de comptoir. . .
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Je renvoie à cette vidéo de la théorie de Graham https://youtu.be/jFQJJ1ohxqY