En lisant le synopsis, on aurait presque une pensée pour La mutante (1995). Cependant dès le générique, il apparaît évident qu'on est pas là pour les mêmes raisons. D'ailleurs, à ce moment précis, l'espace d'un court instant j'ai pensé à 2001... Je me suis alors redressé, reprenant une position plus confortable car j’ai senti que c’était du sérieux et qu'il ne faudrait pas dormir. Oubliez la mutante donc et/ou une quelconque intention de la part du réalisateur de faire dans le grand public, le film se pose là dans le cinéma expérimental. Pour rappel, expérimental est l’adjectif que l'on emploi quand on fait du ciné d’intellos avec 3 francs et 6 sous. Ici, à peu de choses près, le visage de l'actrice qui conduit sa camionnette et scrute la route doit représenter 50% des images du film. Les dialogues ne doivent pas tenir sur plus d’une page recto/verso. J'exagère sans doute mais dans le fond, si c’est beau et que l’élite y trouve son compte, on dira que le pari est réussi.


Le réalisateur met à profit tous les éléments de la mise en scène pour coller à la peau de son sujet de la manière la plus adéquate possible. C'est à dire ici, étrange. Les décors écossais, le montage fixe, la photographie visqueuse et une bande son hypnotique, à l’instar de la beauté troublante de l'actrice, ne font qu'accentuer cette sensation d'étrange, de froideur comme fil conducteur. Pour l'anecdote, les badauds piégés ne savaient pas, dans un premier temps, qu'ils étaient filmés. Apportant ainsi un traitement parfois à la limite du reportage. Bizarre et envoûtant, à l'image de cette poupée aux lèvres pulpeuses.


Malgré des longueurs, le film ne m'a pas laissé indifférent. Le travail est propre. J'attendais peut être ça plus "céleste" et ça manque sûrement d'un peu d'éclaircissements par moments. On se pose des questions et le réalisateur ne tient pas vraiment pour but d’y répondre d'une autre manière que via un enchaînement de scènes sans dialogues. Certaines sont, au passage, assez frappantes. Même si la réflexion apportée est plutôt claire dans son ensemble, c'est parfois trop du "démerdez-vous". Under The Skin est typiquement le genre de film qui va diviser : DAUBE versus COUP DE GÉNIE. Ne sachant pas vraiment, on dira OVNI mais vu que ça parle d’extra-terrestre, ça tombe bien, non ?

Créée

le 11 déc. 2015

Critique lue 319 fois

Bert_Veilleux

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