Sorti chez nous en début d’année, Underwater s’est malheureusement méchamment ramassé au box-office en remboursant à peine son budget : 80 millions de recettes mondiales pour un budget de 60 millions (beaucoup plus en réalité si on compte les frais de promo).
Les raisons de cet échec son multiple (le rachat de la Fox par Disney n’a pas dû aider) mais l’une d’elle tient à la nature même du projet qui semble quasi anachronique dans le système hollywoodien actuel.
Ainsi, Underwater est une série B à l’ancienne qui s’assume pleinement et qui offre une variation très sympathique sur le thème du monstre marin.
Le film charrie évidemment son lot de situations prévisibles et de personnages stéréotypés : la tough girl qui cache un lourd trauma (Kristen Steward impeccable), le capitaine courage, le rigolo de service, la bleusaille toute mimi… et tout ce petit monde bosse pour une multinationale pas très Charlie comme dans une certaine saga impliquant un célèbre extraterrestre baveux.
Bref, on est en terrain connu mais le film parvient sans mal à nous immerger dans son univers grâce à un récit concis et dégraissé jusqu’à l’os (1h35 de métrage montre en main) et au concept fort de la randonnée au milieu des abysses qui fonctionne du feu de dieu.
Le métrage jouit également d’une superbe direction artistique qui flirte avec la SF (le design classieux des combinaisons sous-marine et des infrastructures de forage) et du savoir-faire de son metteur en scène, William Eubanks, très à son aise pour orchestrer une tension qui ne faiblit jamais avec des procédés pourtant éculés (jump scares, apparitions fugaces, utilisation astucieuse de la vue subjective et tout le toutim) même si il refuse d’avoir recours au gore craspec, souvent inhérent à ce type de production ce qui est tout à son honneur.
Enfin, les créatures ont de la gueule,
notamment la grosse bêbête de la fin qui renvoie à tout un pan de l’imaginaire lovecraftien (influence revendiquée par Eubanks) et de la mythologie marine (Release the Kraken !)
Vous l’aurez donc compris, Underwater n’invente rien mais se révèle être un modèle d’efficacité, transcendé par des influences bien digérées et par le talent de son équipe technique dont l’amour du genre transpire à chaque plan.
Malheureusement, il semblerait qu’il n’y ait plus vraiment de place pour ce genre de B movie de luxe (60 patates c’est devenu énorme pour ce type de métrage !) dans les salles obscures et c’est bien dommage.