Mes lecteurs fidèles le savent, j'ai une prédilection pour les polars, et par ailleurs j'ai un faible pour le cinéma français des années 70-80, celui que je voyais à la télé dans mes jeunes années d'apprenti cinéphile.
Une double tendance qui m'a amené à me farcir nombre de navets, mais qui m'a aussi offert quelques belles surprises parmi ces films souvent oubliés que je sonde régulièrement.
"Une affaire d'hommes" en fait partie, remarquable petit polar psychologique, explorant des thèmes tels que l'amitié, la loyauté et la trahison, autour d'un duo de comédiens très convaincants.
Le héros incarné par Claude Brasseur, commissaire de police et passionné de vélo, est amené progressivement à soupçonner son grand copain du peloton (un promoteur immobilier campé par Jean-Louis Trintignant), lorsque la femme de ce dernier est assassinée.
L'argument narratif peut sembler mince (rappelant au passage des films de la même période comme "Pile ou face", voire "Garde à vue"), mais je ne me suis pas ennuyé une minute, tant le scénario signé Georges Conchon progresse intelligemment ; il se trouve que la ville est le théâtre d'une série de crimes de sniper, ce qui permet de complexifier astucieusement l'intrigue.
Le spectateur est ainsi amené à douter du début à la fin selon les rebonds de l'enquête, et ce jusqu'au dénouement, original et bien pensé.
Il s'agit du premier film de Nicolas Ribowski, qui n'insistera pas au cinéma et se tournera vers la télévision : le néo-réalisateur propose une mise en scène purement fonctionnelle, mais d'une belle efficacité, à l'image des nombreuses scènes de vélo à Longchamp, à la fois élégantes et crédibles.
Ribowski peut en outre s'appuyer sur une galerie de seconds rôles particulièrement inspirés, à commencer par Jean-Paul Roussillon en vieux juge patelin, mais aussi Patrick Kerbrat en flic un peu coincé de la nouvelle génération, ou encore Jean Carmet dans un petit rôle mémorable.