C'est entendu, Kore-eda méritait tôt ou tard d'être récompensé par une Palme d'or pour l'ensemble de son oeuvre, traversée de thématiques récurrentes. Qu'il l'ait obtenu avec Une affaire de famille, loin d'être sa meilleure réalisation, est un peu surprenant mais cela n'a qu'une importance relative et lui permettra sans doute de toucher une audience encore plus large que d'habitude. Une affaire de famille est bâti sur le même principe que Notre petite soeur, notamment, à savoir que les liens familiaux que l'on se construit sont plus importants que ceux acquis par le sang. Une grande partie du film s'échafaude autour d'un noyau réunissant plusieurs pièces rapportées, une famille recomposée et décomposée dont la moralité n'est pas le fort. Au passage, on admire la direction d'acteurs du cinéaste et notamment celle des enfants mais dans un premier temps le scénario n'est pas des plus exaltants voire même un peu répétitif, comme s'il fallait à tout prix dépasser les 2 heures de projection. Au moment de Tel père, tel fils, certains avaient pointé du doigt, à juste titre, une certaine tendance du cinéaste à la mièvrerie et ceci peut expliquer qu'après la parenthèse de The Third Murder, Kore-eda ait décidé de "muscler" Une affaire de famille avec des scènes moins consensuelles et plus osées que d'habitude, quitte à ce qu'elles soient parfois embarrassantes comme celles du peep-show. Dans la dernière demi-heure, cependant, l'intérêt du film est relancé et l'émotion s'invite, sans excès toutefois, comme au temps des meilleures réussites du réalisateur. Cela méritait-il pour autant la récompense suprême sur la Croisette ? Face à la mise en scène bouillonnante de Leto de Serebrennikov, pour ne citer qu'un seul des autres compétiteurs, sans doute pas.