Après avoir présenté il y a quelques mois son film-enquête The Third Murder au public, le réalisateur japonais Kore-eda revient à la chronique sociale qu'on lui préfère et dévoile son nouveau film Un air de famille, sélectionné en Compétition à Cannes [édit: et à qui le Jury présidé par Cate Blanchett a décerné la Palme d'or 2018].
Le film met en lumière avec subtilité et tendresse le destin d'une famille marginale où la culture du vol à l'étalage est synonyme de survie quotidienne.
Une famille qui se veut ordinaire, habitant entassée dans une petite maison traditionnelle cernée par le modernisme des HLM alentours.
C'est avec simplicité que Kore-eda dépeint les joies et les peines de tous les jours, les trajectoires des personnages, de la jeune Aki qui gagne sa vie en show sexuels, à la mamie qui incarne la sagesse et la mémoire familiale.
Derrière cette famille composée et recomposée se dessine un jeune humanisme fin et délicat.
Côté scénario, c'est au retour d'une virée au supermarché pour chiper les denrées nécessaires à la famille qu'Osamu et son jeune fils recueillent une petite fille mutique violentée par ses parents. Si légalement il s'agit d'un enlèvement, ce recueillement est plutôt présenté comme un acte de grande générosité pour cette famille pauvre. La jeune enfant devient rapidement un membre de la famille.
L'un des films les plus aboutis du réalisateur, grand habitué de la Croisette (7 fois sélectionné au festival), qui ne transmets pas de grand message, ne s'autorise pas à prendre partie ou à juger, mais filme simplement, de manière presque documentaire, cette fragile cellule familiale.
Un film plein d'émotion, teinté de fatalité, qui captive par sa simplicité et son aboutissement d'un point de vue cinématographique.