Comme son titre l'indique, le film explore la famille sous différents angles, y compris comme une entreprise rentable. Comparant deux types de familles, il analyse en profondeur la complexité de la famille Shibata. Et nous réalisons, en découvrant peu à peu ses membres, la tromperie des apparences. Lentement, la position réelle de chacun se révèle et plusieurs mystères s'éclaircissent.
Osamu travaille sur des chantiers de travaux publics. Il enseigne avec talent à son fils Shota l'art subtil du vol à l'étalage. En rentrant chez eux un soir, ils découvrent la petite Yuri, une voisine maltraitée et frigorifiée. Osamu la ramène chez lui. Dans leur vieille maison vivent aussi sa femme Nabuyo, sa belle soeur Aki et la grand-mère Hatsue. Très vite nous comprenons que la grand-mère héberge le clan. Mais de qui est-elle la mère ? De qui est-elle la grand-mère ? Et qui sont réellement Shota et Aki ? Les questions se multiplient et les apparences s'avèrent trompeuses.
Kore-eda nous montre la faillite d'une famille biologique, celle de Yuri. La fillette, coincée entre une mère violente et un père indifférent, est prise en charge par les Shibata, famille choisie et recomposée. La grand-mère Hatsue fait vivre tout le monde grâce à la pension de son mari décédé. Hatsue a-t-elle eu des enfants ? Rien n'est moins sûr. Peut-être a-t-elle accueilli Nabuyo et Osamu pour rompre sa solitude. Et encore... Dans la dernière partie du film nous apprendrons la complexité des relations entre Nabuyo et Osamu...
A l'évidence Yuri la sauvageonne se rétablit grâce à l'affection et à la patience des adultes, qui l'apprivoisent en souplesse. L'échappée belle à la mer, si chaleureuse, symbolise une forme accomplie de bonheur familial. Le cas de Shota est ambigu. Malgré son habileté, il n'aime pas voler et déteste apprendre à une gamine de cinq ans à imiter sa technique chamanique... Et la jeune Aki ? Elle dévoile ses charmes dans un sex-shop, mais est-elle majeure ? Cela ne trouble personne chez les Shibata. Aki adore sa grand-mère Hatsue, dont elle est la favorite. Mais là encore, méfions nous des apparences !
Cette famille, si complexe, intègre Yuri sans prévenir personne, ni ses parents, ni les services sociaux. N'est-ce pas un enlèvement ? Etant données la déscolarisation des deux enfants et leur éducation au vol... Cette "affaire de famille" est bien compromise. Forcément solidaires, les adultes vivent donc en marge selon leurs codes, évitent les contacts avec les autorités. La grand-mère excelle à enfumer un employé des services sociaux, qui lui demande de déménager pour la reloger dans de meilleures conditions. Il convoite sa maison pour réaliser une fantastique opération spéculative. Quel est le plus menteur des deux ? Pour Hatsue, mentir à des menteurs est légitime. Une manière de survivre économiquement et psychiquement en milieu hostile.