Il démarrait pourtant à la manière d'un "Parasite" (le film, hein), avec cette famille de cassos asiatiques, mais il s'éloigne rapidement de l'intrigue burlesque pour prendre une saveur à la fois plus douce et plus dramatique.
Film tout en délicatesse. Il ne juge pas, non engagé, neutre, il ne se trouve pas velléités grandiloquentes de dénonciation d'un quelconque système, il ne sert pas la soupe des mutins panurges, il ne revendique rien, pas une once de militantisme, juste une histoire. Mais j'y reviendrai.
Comment ne pas s'épandre pour cette famille du fond de l'échelle sociale, mais vivante, attachante, et émouvante. Elle mêle habilement pragmatisme voire cynisme et en même temps une beaucoup de fraîcheur, la scène de la plage nous arrache sans difficulté un sourire tant on y ressent de l'amour.
Film tout en justesse. Les personnages sont bien travaillés et interprétés, ils ont tous leur couleur. Mais nul besoin de forcer le trait, tout est très dépouillé et sobre, et c'est cela qui fait que ça marche à merveille.
Aucune caricature, et le film ne cherche pas non plus à s'acheter la sympathie du spectateur à peu de frais puisqu'à plusieurs moments la médiocrité morale de la famille sera soulignée : lorsqu'Aki comprend qu'elle était hébergée pour l'argent, lorsque Shota comprend que la famille partant en le laissant sur le lit d'hôpital.
Le film nous berce avec son rythme de croisière ronronnant, jusqu'au dénouement qui nous prend par surprise (bien que tout était prévisible), et tout s'accélère et nous plonge dans l'émoi.
Je déteste cette expression totalement galvaudée par la gauche, mais c'est un film profondément "humain". Bravo