Difficile de ne pas être interpellé par ce film de Hirokazu Kore-eda que je découvre. Merci d'ailleurs à @Plume d'avoir attiré mon attention sur ce cinéaste et ce film.
Comment résumer le film (sans spoiler) en quelques mots ? Eh bien, je vais oser la question de la "mère", Nobuyo, à la policière qui l'interroge, dans une des scènes les plus fortes du film.
"Accoucher rendrait forcément mère ?"
Car, c'est bien le sujet du film de questionner les fondements de ce que doit être une famille sans avoir besoin de se référer à la norme.
Qu'est-ce qui est préférable ? Une famille marginalisée par la société et recomposée de bric et de broc mais qui est chaleureuse ? Ou bien des parents indignes qui abandonnent ou maltraitent leurs enfants tout en restant conformes à un apparent modèle social ?
Kore-eda ne tranche pas ni n'apporte pas la solution. Oh, bien sûr, il marque sa préférence en montrant l'humanisme, qui ne dit pas son nom, de ce "père", Osamu, qui ne peut se résoudre à rendre la petite fille Yuri/Rin à sa famille, horrifié par les cris de la mère battue ou les traces suspectes du corps de la petite.
Bien sûr, Kore-eda pousse le bouchon un peu loin en nous faisant découvrir peu à peu la réalité de cette famille recomposée sur laquelle il y aurait quand même beaucoup à dire entre la grand-mère pas si claire avec l'argent, la fille qui gagne sa vie dans un peep-show ou le père qui forme les enfants au vol à l'étalage. Ça, on ne peut pas dire que Kore-eda fasse dans le manichéisme…
Mais, le point le plus important du film ce sont les belles scènes de chaleur et d'amour au sein de cette famille recomposée pour montrer qu'il ne faut pas non plus grand-chose pour trouver des instants de bonheur.
En voyant Nobuyo, la mère, si pleine d'amour et d'empathie pour les autres, j'ai surtout pensé à Jeanne, la Jeanne de Brassens qui n'avait pas d'enfants à elle mais où tous les enfants de la terre, de la mer et du ciel sont à elle" ou encore à "la vie devant soi" de Romain Gary, montrant un certain universalisme de la question que se pose Kore-eda au Japon. Dans notre bonne vieille France, on doit pouvoir aussi s'interroger sur les critères nécessaires pour constituer une vraie ou une bonne famille …