Une femme d'âge mur entend par une bouche d'aération une jeune femme se confier à son psy dans un appartement voisin. Ce qu'elle va entendre va la bouleverser et non seulement remettre en cause sa propre vie bien rangée, mais également l'envie de rencontrer cette autre femme.
Il y a quelque chose de Bergmanien dans ce portrait de femme, magnifiquement interprété par Gena Rowlands où elle se rend compte que sa vie a souvent été faite de mauvais choix, ne serait-ce qu'avec son mari (Ian Holm), dont elle finit par lui envoyer à la figure ses frustrations. Ne serait-ce que par cette scène étonnante où elle voudrait qu'il lui fasse l'amour par terre, comme une bête, alors que lui est du genre plan-plan. L'influence de Bergman est fortement visible, ne serait-ce que par son visuel ; le film est éclairé par Sven Nykvist, qui fut son chef-opérateur attitré. Gena Rowlands est souvent filmée en gros plans, comme si à la manière de son confrère suédois, Woody voulait scruter l'âme de cette femme. D'ailleurs, la photo du film est souvent sombre, presque crépusculaire, on se croirait dans le Nord de l'Europe !
La jeune femme se confiant au psy se révèle être Mia Farrow, elle n'apparait vraiment qu'au bout d'une heure de film, mais on a souvent entendu sa voix désespérée, celle qui cherche du réconfort, et qui va bouleverser Gena Rowlands. L'amant de cette dernière est joué par Gene Hackman et là, j'ai un regret qu'on ne le voit pas plus car il se révèle très intéressant car il est le portait opposé de son mari, dévoué, à l'écoute... Mais malgré cet océan de pessimisme, la fin nous montre une goutte d'espoir qui nous fait dire finalement que rien n'est perdu pour ces femmes...
A ce jour, j'ai vu assez peu de films de Bergman, mais Woody Allen me donne une excellente clé pour rentrer dans son univers, avec des acteurs et surtout Gena Rowlands au diapason, et quel magnifique portrait de femme !