Il faut savoir rester à sa place

Voilà un sujet intéressant qui rappelle pourquoi de nombreux films de série B ne sont pas à négliger : un tueur à gages arrive dans une ville et provoque la panique générale alors que personne ne sait qui il vient abattre. Précédé d’une réputation fort enviable, ce petit western de Jack Arnold (plus connu pour ses films fantastiques et de science-fiction) déçoit cependant largement. Non pas qu’il soit mal pensé, il se heurte cependant au plafond de verre que représente son statut de série B. Pour le coup, un tel sujet aurait mérité la catégorie du dessus.

Si Audie Murphy est un acteur honnête, il n’a ni la présence ni le physique que requiert le rôle. Si la petite ville et ses habitants sont sympathiques (ou antipathiques), ils manquent d’épaisseur. Si la paranoïa est un délicieux sujet à développer, il faut cependant vraiment le traiter. Ici, tout paraît superficiel, comme si le sujet suffisait à lui seul pour créer les tensions. Or la tension est ici trop faible, la menace trop inconsistante et les personnages trop minces pour emporter l’adhésion. Les habitants s’observent et s’affrontent maladroitement pendant 45 minutes (le film dure 1h16), les personnages bavardent et le spectateur s’ennuie.

La série B réclame un sujet original mais aussi de l’action, des rebondissements et un peu d’humour. Une série B ne peut pas être un film de l’attente se prenant tout à fait au sérieux. Il n’en a pas la carrure. Quant à la fin (prévisible à force de clins d’œil appuyés), elle prête presque à sourire. Pour le coup, on a vu Audie Murphy dans des rôles davantage à sa mesure et Jack Arnold plus à l’aise dans d’autres westerns moins ambitieux (Crépuscule sanglant). Ce n’est pas mauvais mais cela reste très en-dessous des espoirs placés en lui.