Rien de mieux qu'un taxi pour inspirer des scénaristes et leur faire imaginer les rencontres les plus improbables. Dans Une belle course, une dame âgée de 92 ans, en route vers la maison de retraite, se plonge dans ses souvenirs sous l'oreille plus agacée qu'attentive de son chauffeur de taxi mais il est aisé de deviner que le contact va s'établir, à un moment ou à un autre. De l'habitacle de la voiture, le film s'échappe assez souvent vers des flashbacks qui racontent une existence presque entière, tout du moins ses événements les plus marquants et il y en a eu un certain nombre dans la vie de celle qui n'a pas toujours été une vieille dame. C'est l'occasion de revisiter les années 50, notamment, qui ne furent pas si glorieuses que cela, pour des femmes qui dépendaient entièrement et légalement de leur mari. Plutôt bien écrit, bien que relativement terne dans ses dialogues, Une belle course n'impose heureusement pas de chantage à l'émotion, à l'exception peut-être de son dénouement, un brin téléphoné et lacrymal. Dany Boon, dans un rôle plutôt passif, s'en tire avec plus que les honneurs, laissant la part belle à une Line Renaud parfaitement en phase avec son personnage (Alice Isaaz mérite aussi d'être citée). C'est vrai qu'il se dégage quelque chose de naturel et d'évident dans la relation entre les deux acteurs principaux. Et c'est ce qui devrait assurer au film de Christian Carion un beau succès public même si la mise en scène manque tout de même sérieusement d'éclat.