Ce docu aborde la censure, la surveillance gouvernementale et la culture du libre. A travers quelques affaires ciblant des fournisseurs d'accès, des hébergeurs de contenu et des particuliers, en interviewant des grands noms de l'histoire des internets originaux, il oppose le nouveau paradigme offert par des tekos hippies prenant du LSD, à savoir la libre circulation de la donnée et la neutralité du réseau, au vieux monde qui ne le comprend pas et essaye de le contrôler.
Le montage est dynamique et plein de vieux mèmes, qui font toujours plaisir. Malgré cela, je l'ai trouvé peu accessible pour les non-initiés (confirmé par mes amis non-initiés). Malgré le titre, on ne retrace pas du tout une histoire. La narration est trop rapide et les sujets s'enchaînent avec des transitions pas toujours évidentes.
Mais surtout, il a beaucoup vieilli. En 2023, les problématiques prépondérantes des technologies de l'information ont évolué. Le documentaire ne parle ni d'algorithmes, ni d'IA, ni, et c'est plus grave, ne serait-ce que des GAFAMs et de l'exploitation commerciale des données. Le seul angle du documentaire est le contrôle gouvernemental (et les médias traditionnels qu'il protège) auquel il oppose une génération nouvelle et montante de geeks libristes. "Qui aurait pu prédire", comme dirait Manu, que les gosses nés avec la technologie se contenteraient de se faire biberonner par une nouvelle industrie du divertissement et de la presse au lieu de faire la révolution ? Que plus ils consommeraient d'internet, moins ils comprendraient comment ça fonctionne ? Que l'industrie s'adapterait, et que les institutions seraient en partie du côté libre de la Force en mettant en place le RGPD ?
Autre chose. On s'oppose à la censure, mais aucun modèle alternatif n'est proposé concernant la diffusion d’œuvres intellectuelles dans le paradigme informatique. Seulement s'opposer n'a pas suffi. Cette absence de projet politique positif a débouché sur des silos de streaming, rémunérant à peine les artistes et largement adoptés par le public, finalement prêt à payer si le service en vaut la chandelle.
Bref, décevant, en partie parce que je le regarde 10 ans trop tard, en partie par un manque de vision des intervenants et des réalisateurs. Pour l'anecdote, je suis en train de lire Le 2ème Âge de la Machine (teaser : fiche de lecture bientôt !), il est presque de la même époque, et malgré mes divergences politiques avec eux, ses auteurs ont beaucoup mieux anticipé les problématiques actuelles.