Et vous, que feriez-vous si, un jour ou l'autre, vous perdiez tout et étiez obligé de vous retrouver à la rue ? C'est la question que pose Gérard Jugnot dans ce film qui, non-content de traiter d'un sujet de société qui, aujourd'hui encore, reste problématique et non résolu, mais qui réussit à le faire d'une belle manière, sans voyeurisme malaisant et avec une touche d'humanité bien agréable.
On pourra, bien évidemment, arguer que le film est loin d'être sans défaut, notamment avec un problème de gestion d'acteur au niveau de la réalisation, mais le talent du casting, surtout Richard Bohringer et Ticky Holgado, réussissent à nous faire oublier ses petits travers via des moments touchants et des dialogues parfaitement gérés.
On pourra peut-être regretter que le film n'aille pas assez loin sur ce sujet ; après tout, il ne parle pas des agressions, physiques et sexuelles, bien plus importantes dans la rue, il ne va peut-être pas assez loin sur le risque de décès (1), des difficultés administratives qui peuvent être rencontrées ou encore du refus d'aide, bien trop souvent présent par pudeur. Mais remettons ce film dans le contexte : en 1991, combien de film parlait de ce sujet principalement ?
Une époque formidable n'est pas sans défauts, mais il aura eu le mérite d'ouvrir la boîte de Pandore au niveau cinématographique et de mettre les pieds dans le plat sur un thème qui dans le 7ème art comme dans la vraie vie nous fait bien trop souvent tourné les yeux pour ne pas voir la réalité en face.
(1) l'âge moyen des morts dans la rue est de 49 ans.