Le plus grand match de boxe de tous les temps
Judy Garland, en effet, boxeur le plus talentueux de tous les temps, se bat sur des durées de 3 heures.
Judy Garland, je crois que c'est l'actrice la plus talentueuse que j'avais jamais vu à l'œuvre.
Judy veux-tu m'épouser ? Moi je ne suis pas alcoolique, du moins pas encore, et je te promets que je ne viendrais pas échouer sur les escaliers de la cérémonie des Oscars pendant ton discours.
Je crois bien que c'était mon premier mélodrame, et on va expliquer par là peut être une certaine naïveté face à l'œuvre (du moins c'est l'avis du mec relou qui m'a assuré à la fin de la séance que le film était vraiment nul). Alors oui, du coup, j'étais contentée d'une histoire prévisible mais que j'ai trouvé intense, du moins assez pour faire passer trois heures en un clin d'œil, et rythmée par les jolies chansons de Judy.
Commençons peut être par le déplaisant, pour s'en débarrasser. J'ai été un peu embêtée par un montage des fois très brutal qui fait plisser les yeux ; encore plus embêtée par la partie façon roman-photo, (je me suis demandée si on avait perdu des morceaux de pellicule) surtout qu'elle était en alternance avec la vidéo, dans un découpage qui semblait plutôt aléatoire. C'était peut être original, mais c'était plutôt mal fait, certaines photos n'ayant -à mon avis- aucun vrai intérêt esthétique. (Ah ben tiens je viens de découvrir qu'il manquait vraiment des bobines, comme quoi le relou de la fin avait tort sur au moins un point)
Esthétique parlons-en, étrangeté de certaines scènes disons... Transpirant le... Cliché... Mais le cliché plutôt moche... Je m'expliquerais seulement en disant qu'un homme en peignoir associé à une mer à l'écume rougeoyante sous les rayons d'un soleil couchant, c'est un choix qui semblait viser le public à mauvais goût, émouvoir la ménagère ou je ne sais quoi de semblable, mais à l'effet aujourd'hui totalement dépassé, tombant presque dans le ridicule. Je crois que c'est à peu près tout ce que j'ai à dire par ici.
Par là par contre, je ne fais qu'arriver.
J'ai aimé ce début façon Singin in the rain en très différent. Les stars arrivent et rien n'est joyeux, la star arrive et elle se traine sous l'alcool. On annonce un ton différent, oui. Ici on n'aura pas la joie de Gene Kelly.
J'ai aimé chaque chanson de Judy Garland, des joyeuses comme on aime toujours en entendre à celles qui pleurent un amour perdu comme l'on n'aime jamais en croiser.
J'ai aimé comme elle rythmaient parfaitement le film, évitant au spectateur de regarder sa montre et de se dire qu'il lui reste encore une heure et demi, avec ses chorégraphies joyeuses (mention spéciale pour la petite black qui dansait vraiment à côté de la plaque et regardait Judy avec les yeux écarquillés de la petite fille qui n'en revient pas de danser là, c'était hilarant).
J'ai aimé cette introspection dans le cinéma, ces lumières qui s'allument, ces affreux qui se haïssent, et ces stars qui réussissent et des journalistes toujours plus journalistes.
J'ai aimé Judy Garland parce qu'elle est la femme la plus belle du monde quand elle chante. J'ai aimé son rôle de femme qui n'a plus ses 20 ans, de femme qui sans jamais avoir appris à se battre, avait ça dans le sang, et porte tout le poids du monde sur ses épaules. Le poids de sa carrière, le poids de son couple, le poids de son mari et de ses erreurs, le poids de l'impossibilité d'agir pour les autres mais de devoir assumer pour eux les conséquences. Tous les poids qui pèsent sur elle.
Et tous les matchs qu'elle remporte un par un.
Je ne sais pas, je crois que l'art nait dans les matchs de boxe, et Judy quand elle chante, elle match de boxe. Elle corrida, si vous voulez, mais moi je dis qu'elle match de boxe. Cette scène, dans le bar, où elle chante pour elle et pour rien d'autre au monde, dans la lumière tamisée, entourée des cuivres que l'on voit briller, les cheveux éclatés et les gestes pénétrés, c'était le plus beau match de boxe que le monde ait jamais porté.
La scène où -pour ne pas spoiler- elle discute avec le producteur dans sa loge, au sujet de son mari. Encore du conflit, du conflit intérieur, du conflit extérieur, je ne parle même pas de la scène des Oscars.
Voilà pourquoi il faut voir ce film d'après moi, malgré ses défauts de réalisation sûrement, malgré tous les autres défauts qu'on peut lui accorder. Pour voir ces quelques scènes.