Elle voudrait enfin passer à autre chose. Elle en témoigne. Elle le hurle même, ici, et à longueur de temps. Alors pourquoi une pierre de plus, qui ne dit rien de plus (on est pas exégète de son oeuvre (qui fut une claque), mais pour sa part propre, cela semble vrai). On laboure une terre qui ne donnera plus rien. Alors on va chercher les témoignages des autres. De force on embarque chacun dans son récit. Et chacun a peur. Sinon de faire face au récit, de faire face à sa victime. Qui avance comme un tank. Qui presque mécaniquement, pour chaque mot prononcé, fustige qu'il ne fut pas son contraire. C'est un peu le problème de madame Angot, dont la démarche finit par être conte-productive. Car personne ne se mettra jamais à sa place. Personne ne sera jamais à même d'entendre son récit comme elle le voudrait entendu (mais le veut elle vraiment? Cette longue construction qu'est son oeuvre ne rend elle pas définitivement indissociable de son récit qui finit, punition, par la définir). Une limite est atteinte, personne d'autre ne peut endosser cette souffrance, en prendre un bout, la faire sienne (parce que pour qu'elle soit sienne il faudrait l'endosser indéfiniment et non un instant). Rattraper ce qui fut perdu. C'est inacceptable, elle ne l'accepte pas, mais le hurler n'y changera plus rien.
C'est le triste constat que l'on dresse. Madame Angot demande l'impossible, au titre que l'impossible le fût. On en vient presque à excuser la fuite de ceux qui savent le combat perdu.