Une femme du monde est le premier long-métrage de Cécile Ducrocq. La réalisatrice française (également scénariste de plusieurs séries telles que Maison Close, Le Bureau des Légendes ou Dix pour cent) y donne le rôle principal à Laure Calamy, qui jouait déjà dans l'un de ses courts-métrages, La contre-allée (2016). L'actrice, césarisée pour Antoinette dans les Cévennes (2020), y interprète Marie, prostituée depuis 20 ans à Strasbourg. La mère de famille a un fils, Adrien, 17 ans (incarné par Nissim Renard). Pour assurer son avenir, Marie veut lui payer des études. Il lui faut de l'argent, vite. Commence lors une course contre la montre.
Le film a été présenté en septembre dernier au festival du cinéma américain de Deauville, dans la catégorie Fenêtre sur le cinéma français.
Une femme du monde de Cécile Ducrocq est autant un portrait de femme qu'un film d'interprétation. Marie est une travailleuse du sexe épanouie. Elle aime son métier, son quotidien, qu'elle conjugue avec celui de mère de famille. Marie vit seule avec son jeune fils de 17 ans. Elle subit chaque jour un peu plus la précarisation de son métier et souhaite permettre à son fils de suivre des études. En cela le film est, en filigrane, davantage un film social qu'un film de mœurs. Il ne s'attache pas tant à la sexualité tarifée qu'aux à-côtés de la profession, de la défense des prostituées au sein d'une association aux échanges avec les clients.
Surtout, Une femme du monde est un essai intéressant sur l'indépendance, porté par l'interprétation lumineuse de Laure Calamy. A contre-courant de ses précédents rôles, elle impressionne dans ce (beau) rôle de mère courage, qui lutte pour améliorer ses relations avec son fils d'un côté, et pour continuer de pratiquer son travail sans contraintes de l'autre. Son charisme porte clairement ce premier film dont on pourra reprocher une mise en scène plutôt classique et sans surprise.