Une femme du monde doit tout à l'interprétation très à l'aise et sensible de Laure Calamy (oubliez la petite secrétaire sage de Dix pour Cent, vous allez être étonné par Marie, reine de la passe), qui donne tout à son personnage, ce qui se remarque : on vit le film avec elle. On aime aussi que ce drame s'attache à démonter tous les clichés sur les travailleuses (et travailleurs) du sexe, tous les fantasmes dégradants sont mis à mal par la réalité de cette travailleuse indépendante qui prend toutes les précautions nécessaires, a ses habitudes et sa dignité. Comment ne pas se sentir un peu compatissant lors de la scène qui la confronte au banquier, au regard de son propre fils, à une juridiction hypocrite qui n'interdit pas l'activité mais pénalise le client (une interdiction déguisée), à un manque criant d'encadrement et de sécurité... Marie est une maman qui se sacrifie, et on adhère totalement à son personnage si attachant. On a seulement regretté la fin, qui accumule les choix scénaristiques faciles. Lorsqu'on voit le jeune homme
se faire embaucher comme cuisinier en un mois alors qu'il rame depuis des années, on se dit simplement qu'il aurait pu se bouger plus tôt, et que "maman" aurait évité bien des horreurs (faites des gosses...). En plus de donner l'impression que Marie a fait tout cela absolument pour rien (et que l'on aurait pu voir un film qui aurait duré cinq minutes), cela enchaîne avec une scène de fête légèrement ringarde et longue, une happy-end caricaturale que l'on n'a pas vraiment apprécié pour conclure un film qui se défendait plus que bien jusque-là.
Une femme du monde reste une production française osée sur le monde des péripatéticiennes et des "LGBT+ de la nuit" (on a repéré Romain Brau, jouant un rôle dans Haute Couture, simultanément à l'affiche du cinéma !). Mais, comme dans le binôme mère-fils, c'est Laure Calamy qui fait tout le boulot. Chapeau bas.