Si Une femme du monde, le premier long-métrage de Cécile Ducrocq, doit être vu, c'est essentiellement pour la performance de Laure Calamy, qui se dévoue corps et âme pour son rôle de prostituée par choix, qui n'échappe pas à la précarisation progressive des travailleuses du sexe. Le film est intéressant quand il se fait social, décrivant aussi bien les trottoirs de Strasbourg que les prestations à domicile où le travail dans un bordel allemand. Pas de faux tabous dans Une femme du monde, qui montre une femme d'âge moyen, qui serait plutôt heureuse de son sort et de son indépendance, si elle ne connaissait pas des fins de mois de plus en plus difficiles, avec un fils adolescent qui ne semble pas décidé à penser à son avenir. Là, malgré l'intensité des relations mère/fils, le film frôle les clichés avec ce garçon sans ressort et sans envie mais qui va soudainement changer de comportement sans que le scénario n'explique réellement ce revirement. A un moment donné, tous les enjeux qui tenaient le film depuis le début semblent annihilés, sans rime ni raison. Malheureusement, la mise en scène, correcte mais sans éclat aucun, ne vient pas à l'aide d'une histoire qui se termine en roue libre. Une femme du monde est un bon exemple d'un cinéma très "qualité française", honnêtement conçu et réalisé, mais qui doit beaucoup trop à son actrice principale. Et même tout.