J'avoue un faible pour ce film jusque dans ses "manques" ou ses "facilités". Un critique (Sadoul?) disait qu'il y avait du Guignol chez Godard et je crois que c'est le film qui répond le mieux à cette définition.
Est-ce une tragédie ou une comédie? En tout cas, c'est dynamité de bout en bout. Cela tient même parfois de la bravade de l'adolescent qui dit 'merde' à son professeur de style et cela me plaît terriblement encore aujourd'hui...
Pochades (oeuf sur le plat qui reste en l'air), jeux avec le médium (accéléré pour la tête contre le mur avec le son de la caisse enregistreuse), gags que des papis de la comédie auraient trouvés même trop peu "intelligents" mais voilà, cela passe, tout passe car le sujet en fait est toujours le cinéma lui-même et c'est passionnant quand bien même cela est raté (de l'aveu même de son réalisateur).
C'est aussi souvent très émouvant. Les petits vieux, les faux pleurs de Karina et son vrai accent exagéré, son dépaysement dans ce quartier de petits vieux, la chanson d'Aznavour et l'utilisation de la musique qui, jusqu'à aujourd'hui reste unique à ma connaissance dans une comédie de ce genre. Une utilisation dynamite qui permet des changements de ton savoureux et puis il y l'utilisation également du studio, du plan séquence, de l'illusion du montage et un Brialy champion de vélo auquel personne ne croit mais qui s'en soucie puisqu'il s'entraîne dans l'appartement et qu'un vrai champion ne l'oserait pas!!!
Une Femme est une Femme fut une révélation, une sorte de poésie dynamitée avec parfois donc un pied de trop que chacun pardonnera ou non et en comparaison duquel Pierrot le Fou est stylistiquement un alexandrin assez bien observé...
Revu : 22.07.17
L'obsession, l'idée fixe, merveilleux point de départ pour une comédie. Suspensions à l'arrêt et sautes (d'humeur et de montage), un sens du rythme (qui est ici la psychologie même interne au film) qu'aucun réalisateur français n'a jamais eu ni avant ni après.