Au delà de sa forme et de son sujet, qui rappelle le cinéma de Pedro Almodovar, Une Femme Fantastique sait se faire plus intime et moins tape-à-l’œil que le cinéaste espagnol. Que ce soit dans le scénario, simple, tenant en une ligne (une femme perd son compagnon et doit affronter le deuil malgré son passé et celui de cet amour perdu) ou dans sa mise en scène, le film se montre d'une discrétion adéquate face à un sujet qui monte dans la société contemporaine. Les transgenres prennent alors place dans un cinéma non plus exubérant, mais comme tout un chacun, avec une vie pas si éloignée de la nôtre. Pourtant Une Femme Fantastique tend à démontrer que l'acceptation du genre n'est pas encore établi, le combat prend du temps. Marina Vidal ne tombe jamais dans la victimisation de son statut, relayant au second plan son passé pour mieux appréhender ce présent brutal. Elle ne fait pas non plus abstraction de ce qu'elle est face à la douleur des autres, compréhensive et attachante, on la suit dans sa douleur. Pourtant ce n'est pas le portrait d'une veuve éplorée que le réalisateur veut nous faire suivre, mais bien sa capacité à avancer malgré les obstacles. La caméra suit la femme dans ses déambulations, mais montre par moment quelques facilités : les tableaux explicites reflétant l'humeur de Marina n'ont pas d'utilité, ou alors il aurait été plus judicieux de les insérer dans le récit. Néanmoins Une Femme Fantastique capte surtout par son actrice, sa beauté subjuguant autant par son côté masculin que féminin, Daniela Vega ne tombe jamais dans la caricature et sait émouvoir le spectateur juste par sa présence.
Le film manque probablement d'une touche plus rythmée, mais elle n'empêche pas le spectateur de suivre avec émotion cette femme fantastique.