Rebecca Zlotowski qualifie Une fille facile de "conte amoral" et le défend en invoquant la liberté des corps et la sensualité. C'est à peu de choses près le même discours que tenait Roger Vadim, il y a 60 ans, et ce n'est sans doute pas un hasard si la trop célèbre Zahia évoque la BB de l'époque. Facile à réduire à ses courbes mais moins bête qu'il n'y parait, les machos devront en convenir. Zahia s'en sort d'ailleurs avec les honneurs, la réalisatrice ne lui ayant donné que peu de dialogues et lorsque le cas se présente, elle parvient même à se montrer convaincante en évoquant Marguerite Duras (sic). Mais bon, en vérité, Une fille facile manque terriblement de substance, passant d'une plage à un yacht puis à une villa luxueuse sans que l'on s'intéresse plus avant aux très superficielles péripéties du scénario. Le film se veut aussi une sorte de récit d'apprentissage pour la jeune adolescente cannoise, cousine du personnage interprété par Zahia, mais elle n'est guère valorisée et reste dans l'ombre de sa solaire et charnelle aînée. Avec un rôle pourtant secondaire, c'est finalement l'excellent Benoît Magimel qui s'en tire le plus à son avantage. Son air méditatif donne l'impression que lui aussi a des doutes sur les qualités d'Une fille facile. Peut-être espérait-on trop de Rebecca Zlotowski au vu de Grand Central, notamment ? Peut-être en définitive y a t-elle atteint ses limites mais cela reste encore à prouver.