Il est des films qui exploitent ostensiblement la personnalité médiatique de leur acteur, au point d'en faire leur sujet. C'est évidemment le cas de "Une fille facile", qui donne le premier rôle à Zahia Dehar. Une prostituée devenue célèbre pour une affaire de mœurs, et qui a su tirer parti de cette notoriété pour intégrer le milieu de la mode et du mannequinat. Et donc, du cinéma également !
Dehar incarne la sulfureuse cousine d'une lycéenne de 16 ans, vivant sur la Côte d'Azur et qui se cherche. L'arrivée de cette cousine épicurienne, exubérante et "fille facile", va lui faire tourner la tête. Ce personnage de jeune femme qui allume les hommes à fric, qui mise tout sur son physique, et qui est suffisamment intelligente pour pleinement profiter de ses "cibles", correspond à l'idée que l'on peut se faire de la personnalité médiatisée de Dehar.
L'ancienne prostituée joue-t-elle donc son propre rôle, ou justement celui que les médias veulent lui donner ? Finalement peu importe, car c'est le résultat qui compte. Là-dessus, il faut bien dire que ce n'est pas toujours réussi...
On sent que Rebecca Zlotowski a voulu faire une œuvre presque insolente façon 50's/60's, tentant de façonner Zahia Dehar façon Brigitte Bardot. Le tout dans un film bavard, aux répliques peu naturelles, façon Eric Rohmer, avec quelques jolies images du Sud.
La réalisatrice a cherché à donner un aspect magnétique au personnage de Dehar, sa notoriété aidant. Il faut avouer que c'est parfois réussi, tant on sent que tous les regards se portent sur elle. Son corps est aussi largement érotisé, même à l'excès. Je veux bien comprendre que l'on intègre des scènes de sexe (il faut bien appâter le chaland venu voir Zahia en action !). Mais un plan nichon envoyé gratuitement à la figure dans les deux premières minutes, je dis chapeau la subtilité, Andy Sidaris n'aurait pas fait mieux !
Par ailleurs, Dehar a tendance à jouer faux. Peut-être était-ce voulu pour trancher avec les autres acteurs plus justes, mais ça ne plaide pas en la faveur du film. Et cela a tendance à éclipser la vraie protagoniste du récit initiatique, incarnée par Mina Farid, qui a une place finalement limitée à l'écran et dans le scénario.
Pour (a)mateurs.