Quand on voit au générique que la chose est produite par la MGM, soit une des grandes majors Hollywoodienne, que le générique fait défiler les noms de, excusez-moi du peu, Robert Ryan, Rod Steiger, Jeff Bridges, Season Hubley, Gary Busey…, que le réalisateur menant ce casting de tout premier choix n’est autre que Richard C. Sarafian, l’auteur du plus grand film de poursuites automobiles de l’histoire du cinéma, le bien nommé Vanishing Point, on se dit que les studios étaient capable de nous servir des productions sacrément badass et sans prendre les spectateurs pour des bouffeurs de pop-corn frénétiques désintéressés.
Le titre original Lolly-Madonna XXX, avec une affiche montrant une jeune femme aux cheveux courts, prise entre deux hommes la pointant avec leur fusil, présageait un aspect fortement axé rape and revenge, avec viol et atrocités. Ce qu’il n’est absolument pas.
Deux familles de rednecks, menés par des patriarches implacables, interprétaient par deux vétérans du cinéma Hollywoodiens, Rod Steiger et Robert Ryan, se mènent une guerre sans concession pour un lopin de terre. Arrive une jeune femme un peu naïve, stylée Summer of love, avec ses bagages et sa jolie petite bouille. Elle devient un objet de convoitise pour les deux parties qui ne cesseront de guerroyer jusqu’à un final à la Peckinpah dont il est inutile de dévoiler la teneur.
Au-delà de l’aspect purement exploitation, le réalisateur parvient grâce à une mise en scène méthodique à confronter l’univers de la grande dépression à la Steinbeck, avec ses laissés-pour-compte, au sérial à la Hal Needham, mettant en scène des rednecks aux manières pas obligatoirement très courtoises, tout ça situé dans une période que l’on penne à définir.
Le cliché et la redondance n’étant pas les apanages de ce réalisateur extrêmement habile pour dépeindre un univers tout en l’embellissant d’une photographie d’un excellent niveau, parvient à nous montrer ces deux familles sous leurs pires travers, la violence, avec notamment un Rod Steiger de festival dans le rôle d’un père brutal, des actes odieux, avec notamment un viol sur l’une des filles du clan Ryan, des rixes qui virent aux règlements de comptes armés, mais sans jamais prendre réellement partie pour l’un des deux clans et surtout sans jamais obnubiler leur aspect profondément humain. Sarafian les montre sous leur pire joug, mais aussi dans leurs rapports fraternels et parvient souvent à les rendre attachants.
Exclusivement basé sur la confrontation entre ces deux familles, aucune présence de personnages extérieurs, à l’exception de la jolie Lolly-Madonna personnage un peu lunaire, beauté ostentatoire comme objet de convoitise, pas de police pour venir appliquer la justice, on est dans une sorte d’univers western qui commence de façon décontractée à la Shérif Fais-moi Peur pour finir dans une sorte de violence malsaine à la Peckinpah, ce film est un produit d’exploitation haut de gamme agrémenté par une mise en scène navigant entre scènes intimistes franchement émouvantes et explosions de violence cathartique.
Une véritable perle quasi introuvable qui mériterait une meilleure exploitation, tant on désespère presque de pouvoir trouver ce genre d’OVNI cinématographique, parfait alliage de pure exploitation agrémentée de violence et de pure émotion tout ça filmé majestueusement dans une Amérique White Trash poussiéreuse à la Harry Crews, avec un casting de tout premier ordre.