Bluffant, sur ce coup-là, le père Scott. En roue libre et s'en réjouissant ouvertement.
Avec cette adaptation du roman d'un autre amoureux de l'arrière pays provençal (Peter Mayle), le réalisateur britannico-américain change de registre et se fait plaisir.
Tourné dans ce Luberon qu'il affectionne --- les scènes françaises, soit l'essentiel du film, ont été tournées sur le domaine viticole de La Canorgue ---, Scott fait s'amuser un de ses acteurs fétiches (Russell Crowe) et lui autorise un insolent cabotinage, empile avec gourmandise les clichés et les clins d'œil.
Il fait ainsi d'un coin de France un creuset de l'authenticité (malgré l'embrouille 'pinardière'), du savoir-vivre et de la découverte de soi, contre un Londres agité, agressif et faux. Les requins de la City se font joyeusement égratignés (goinfrerie bien sûr --- c'est leur raison d'être --- mais aussi adversité rampante entre collaborateurs, hypocrisie, vulgarité...) quand, sous le soleil du Midi, on prend son temps, on goûte l'amitié, les bonnes choses, la vie...
C'est assez peu nuancé, plutôt prévisible, mais --- en plus d'être rythmé et très bien filmé --- totalement assumé et donc d'une nonchalance effrontée et jubilatoire.
Alors, évidemment, ceux pour qui le nom de Scott ne doit rimer à jamais qu'avec quenottes (Alien), confiote (Blade Runner), pilotes (La Chute du faucon noir), despote (Gladiator), popote (Hannibal), cocottes (Thelma et Louise), etc., la désinvolture de cette comédie romantique saupoudrée de suspense est forcément insupportable.
En revanche, pour peu que vous ayez accepté/compris ce facétieux pied-de-nez --- à moins que ce soit carrément un bras d'honneur ?! --- et que vous vous laissiez porter par la légèreté du cinéaste et la douceur du Sud, vous passez un très agréable moment...