Nous sommes en 2007; Ridley Scott vient de terminer Kingdom of Heaven et s’attellera quelques années plus tard à American Gangster. Entre ces deux grosses productions, il s'accorde un film plus léger, souvent oublié, et souvent dénigré (4,6 sur Senscritique). A raison, ou à tort ? Il ne convient pas ici de trancher dans l'une ou dans l'autre direction, mais plutôt de nuancer notre propos: en effet, ce film m'a plutôt été une bonne surprise, moi qui m'attendais à quelque chose du niveau d'un téléfilm.
Tout d'abord, le film parvient à installer, par le biais d'une photographie sublime, une atmosphère extraordinairement enchanteuse, qui permet d'entrer immédiatement dans l'histoire. Les coins perdus de la France, observés par l'oeil de Ridley Scott avec la légèreté et l'application d'un hommage, contrastent violemment avec une City de Londres corrompue par l'ambition des traders, ayant rongé jusqu'à la nature du personnage principal lui-même. C'est ainsi à travers un univers manichéen et classique, presque cliché, que l'on s'achemine lentement à travers l'intrigue.
Car le scénario n'est clairement pas le point fort du film: que ce soit à partir de l'affiche, du synopsis ou des 10 premières minutes du film, il est simple de prévoir la fin de celui-ci, du moins en partie. Mais c'est donc avec plaisir et décontraction que l'on suit ce déroulement prévisible, diverti par un Russell Crowe très convaincant en dandy anglais, et une Marion Cotillard au rôle plus que correct. Le système de narration par échos, entre les souvenirs de Max, le personnage principal, et la réalité, ne fait qu'ajouter de la crédibilité à l'évolution de celui-ci, déchiré en deux univers qu'il a côtoyés, chéris, et dans lesquels il est à l'aise.
Alors, évidemment, c'est un film plein de clichés: si la première heure est extrêmement divertissante et convaincante, la deuxième est, elle, légèrement en-dessous, puisque demeure l'impression, après visionnage, que Ridley Scott n'a pas su comment organiser son dénouement, transformant un bon film sur l'évolution d'un homme en une comédie sentimentale dissimulée. Une Grande Année reste néanmoins un bon cru de Scott, bien au-dessus de ce que les critiques peuvent en dire, et mérite d'être vu au moins pour ça, ne serait-ce que pour les décors sublimes, Russell Crowe ou encore l'atmosphère de vacances, d'humour parfois, et de détente qui empreint le film.