Ce film de Mario Bava est l'un des tout premiers gialli qu'il m'ait été donné de voir et le moins que je puisse dire c'est qu'il me laisse quel que peu sur ma faim. Si le propre du genre est de mélanger le thriller au film d'horreur en passant par les codes du cinéma érotique et fantastique, encore faut-il que le scénario tienne la route. Or, cette hache pour la lune de miel rappelle certains ouvrages ratés de Warren Ellis dans lesquels l'auteur passe la première moitié du temps à nous poser un décor qui tient la route pour ensuite partir, sans aucun motif, dans du grand n'importe quoi sur la seconde moitié.
Le principal défaut ne réside pas dans le scénario, on a davantage affaire à du sous hitchcock mais l'action étant bien mise en scène, cela suffirait presque à nous satisfaire. La musique horripilante joue tout de même un rôle assez important et n'est pas mal utilisée. Mario Bava a le mérite de concentrer le récit sur quelques lieux précis que le spectateur localise très facilement, ce qui lui permet de s'immerger dans l'action.
Pourtant, la scène d'ouverture passée, on s'ennuie pendant au moins une bonne trentaine de minutes, la faute à une direction d'acteurs catastrophique (dès que la femme du personnage principal ouvre la bouche, on a qu'une seule envie : qu'elle se taise à jamais). Heureusement, l'aspect psychanalytique lourdingue du motif des meurtres ne transparaît qu'à la toute fin et permet donc au spectateur d'éviter l'exaspération ultime.
Tout n'est pourtant pas à jeter dans ce récit matrimonial inachevé. Le film fourmille de bonnes idées, principalement au niveau de la mise en scène qui est très réussie. L'idée de tuer tout suspens en dévoilant l'identité du slasher dès la scène d'ouverture nous permet de nous concentrer non pas sur la question de savoir par qui ou comment les meurtres sont commis mais plutôt pourquoi. En théorie, cela aurait pu rendre le film plus intéressant mais l'explication étant si convenue et peu subtile, l'effet attendu tombe à plat et nous laisse un goût amer.
En somme, on retiendra de ce massacre au hachoir de splendides scènes de danse au milieu de mannequins, une serre qui n'a pas fini de nous hanter et une scène parfaitement maîtrisée jouant au millimètre près avec la structure du hall d'entrée de la demeure de notre Norman Bates sous Prozac.