Une histoire d'amour par Hugo Harnois
Benoît Poelvoorde peut tout jouer. Tueur, sosie, boulet, psychopathe, père retrouvé, anarchiste et maintenant sadomasochiste. Cet homme est tout ça à la fois, et bien plus encore. Son parcours au cinéma est à l'image de l'homme : instable. Tous ses films défilent et ne se ressemblent pas : il y a des navets mais aussi des perles et des oeuvres qui ne ressemblent à aucune autre. Poelvoorde a démontré qu'il était le meilleur acteur de sa génération pour son don de se métamorphoser en n'importe qui, et pour sa capacité à pouvoir tout interpréter avec une justesse folle, un charme démesuré. Mais parlons d'Une histoire d'amour, très moyen. Contrairement à l'acteur, excellent.
Une femme trompe son mari avec un banquier. Le premier ne réagit pas, alors que le second entretient avec elle une relation violente et dangereuse. Par son titre et l'intention de ne pas mettre de noms aux personnages, Hélène Fillières a voulu faire de son sujet une histoire universelle, qui pourrait toucher tout le monde. Cela ne marche pas du tout puisque les protagonistes en question sont très riches (l'homme incarné par Poelvoorde est la 36ème plus grande fortune de France), et ne correspondent en aucun cas à « Monsieur tout le monde » .
Outre cela, ce qui devait être une « histoire d'amour » est au bout du compte tout sauf passionnante. L'écriture très répétitive enferme ce couple qui semble s'ennuyer, à l'image des spectateurs qui les regardent. La pseudo ambiance de film noir mêlée au thriller psychologique, ainsi que l'excellente BO de Daho ne changera rien à l'affaire : Une histoire d'amour s'avère plat et fade.
Nous l'avons dit plus haut, Poelvoorde est une fois de plus irréprochable en interprétant un homme ambigüe, supérieur et sûr de lui en public, et totalement soumis en privé. Face à lui Casta n'est qu'à moitié juste, et l'on peine à croire à son personnage de femme amoureuse mais déboussolée. Inégal, maladroit et étrangement pudique, Une histoire d'amour n'est pas le film qu'on attendait.