Une histoire vraie est probablement un des films les plus mésestimés et méconnus de Lynch. Il s'agit pourtant d'un de ses meilleurs opus empreint de tendresse, d'humanisme, de morale et d'optimisme envers l'homme. L'histoire est d'une clarté absolue, le film comme toute l'oeuvre de Lynch est comme une trajectoire, ici linéaire, rectiligne seulement vallonnée par des pointes de mystère telles les petites collines du paysage que le héros gravit sur sa tondeuse à gazon afin de rejoindre son frère malade (à l'issue d'une scène conclusive absolument bouleversante d'émotion difficilement contenue).
Le récit est lisible mais il y a toujours une sensation de mystère voire d'angoisse dûes à des interprètes de second rôle parfaitement dirigés et d'une indéniable qualité de photographie . Lynch accumule avec bonheur les clins d'oeil. Le titre original est "the Straight Story", du nom du personnage principal ayant réellement existé. Le vieil homme ressemble à un héros de western (la tondeuse à gazon est tel un vieux cheval fatigué et il abat son ancienne machine à coup de fusil, quelle idée de scénario !)
On retrouve les obsessions habituelles de David Lynch comme par exemple les usines (au début du film), voir Erasehead, les personnages perdus (la fille faisant de l'autostop, le vieux soldat) ou à la limite d'une certaine forme de folie (la fille, Sissy Spassek en bègue touchante, absolument époustouflante ou les deux jumeaux, sortis des romans de Kafka). La mise en scène, très discrète pourtant, est parfaite (voir les scènes de l'orage et le travelling dans le jardin au début du film). Le suspens est permanent ; on éprouve une certaine angoisse pour le personnage (quand il dévale une descente ou lors de la course cycliste).
Une fois de plus, la musique de Badalamenti est subtile et épique. L'acteur principal décèdera un peu à la manière de son personnage. Il y a quelques années.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Madmovie