Les Climats est une promenade mélancolique au coeur des sentiments. On suit l'histoire de Bahar (la femme du réalisateur) et Isa (Ceylan lui-même), un couple au bord de la rupture et qui ne communique plus.
Avec ce film auteuriste, on pense d'emblée à Antonioni (notamment L'Eclipse parlant du même sujet) ou à Bergman pour la composition des plans. Un film sans artifice, intimiste et un bien fou pour la rétine. Ceylan met en avant la crise de couple mais surtout la solitude de ces deux êtres car c'est ça qu'intéresse le cinéaste : comment une personne se remet d'une relation de feu ? Peut-elle se réadapter à la solitude et au manque de l'autre ? Des questions qu'il ne tarde pas à exposer et en partie à répondre dans son métrage et cela ne sera pas à travers de nombreux dialogues quasi inexistants mais par la captation des regards, des gestes et plus particulièrement de l'âme des personnages.
Ce qui peut rebuter pour ce film à destination au public cannois de 2006, c'est sa lenteur, le réalisateur de Winter Sleep filme le banal et le quotidien, la vraie vie et correspond les sentiments de ses protagonistes avec deux saisons : l'été et l'hiver. Ses plans fixes, immobiles et méditatifs traduisent la beauté mélancolique d'Isa et de Bahar avec un lyrisme et un détail précis dans chaque cadre fort au cinéaste. Le couple se sépare, se fuit, se retrouve et puis ainsi de suite tel un engrenage indomptable, ils sont incapables de saisir une bonne fois pour toute.
Une histoire d'amour qui semble infuser les saisons. NBC nourrit son film d'épuration, d'une expressivité très simple dans le quotidien des personnages en réussissant à tourner lui-même devant la caméra avec sa (belle) femme une histoire tragique de deux amants.