Même si cela fait la troisième fois que je vois ce film, je ne me suis pas ennuyé, comme quoi, il faut peu pour faire un bon film (des acteurs justes, un bon scénario et une caméra, quelle que soit sa qualité, et si possible une belle musique aux moments opportuns, comme lorsque défilent les champs de maïs), même de facture classique, comme cette histoire vraie, aux allures de parodie d’un road movie (un voyage sur des centaines de kilomètres à bord d’un petit tracteur de pelouse John Deere @johndeere ) qui finit par reconstituer, sans le caricaturer, un vote Trump (pas tous, certes) d’une Amérique oubliée (Kamala Harris a reçu beaucoup plus de dons et de soutiens du monde du cinéma), blanche, pauvre et rurale. La volonté du « vieux schnock » de faire son trajet sans qu’on le conduise, est cette illustration du refus de la condescendance et de l’assistanat, en écho de cette décence ordinaire évoquée par Orwell (le "straight" du titre original, The Straight Story, en plus d’un jeu de mots sur le nom de famille, renvoie à droit, banal, ordinaire, sérieux) : comme une volonté du vieux de se faire à nouveau grand, avec en arrière-plan des difficultés sociales (manque d’argent, enfants placés, mineures enceinte) pour mieux afficher au premier plan l’entraide, et ces regards plein d’une admiration non dénuée de peur pour qui sort de l’ordinaire (comme un écho à Elephant Man) à son corps défendant.