Ou comment dresser une allégorie de la vie par le biais d’un road trip en tondeuse à gazon. Alvin, ce vieillard de 73 ans, dès qu’il entend que son frère a eu une attaque, décide d’aller coûte que coûte lui rendre visite par ses propres moyens, malgré le fait qu’il ne l’a pas vu depuis 10 ans, malgré le fait qu’il n’y voit pas assez clair pour avoir son permis. Car Alvin est obstiné, il ne fait pas les choses à moitié : il a fait la guerre, en est revenu, il a eu 14 gosses, dont seulement 7 ont survécus, et vit toujours aussi intensément malgré sa blessure.
Les rencontres d’Alvin, au long de son périple, vont crescendo, de la jeune fille en fugue car enceinte, au vieillard avec qui il partage ses souvenirs de guerre, pour aboutir dans un cimetière, évolution logique finalement pour nous dresser un panorama complet de l’existence. Car ce qui fait la beauté du voyage, ce sont justement ces rencontres, ces personnes que l’ont croise au gré du hasard à qui l’on a forcément à apprendre, et qui ont tant de choses à nous donner. Alvin l’a bien compris, lui qui a voyagé toute sa vie, et est prêt à divulguer son expérience avec tout ceux qu’il croise, et transforme son périple en voyage initiatique, jusqu’à une fin en forme de retour à la paix.
Ode à la famille, à la solidarité, et à la vie dans sa globalité, on se laisse porter par ce rythme lent, on profite de chaque plan, on prend le temps d’apprécier la mise en scène virtuose de Lynch dans ce film lumineux, guidé par la musique de Badalamenti qui nous berce à 10km/heure.
Sans doute l’œuvre la plus accessible de Lynch qui dénote clairement dans sa filmographie, c’est beau, c’est lent, et ça marche, comme une preuve de plus que le voyage compte plus que la destination.