Antoine Raimbault, réalisateur d'Une intime conviction, a assisté au deuxième procès Viguier, en 2009, et il est littéralement 'tombé de sa chaise" en voyant comment les débats étaient menés à l'égard d'un homme jugé coupable, a priori, et non innocent. Faute de preuves, le dossier était subordonné à l'enquête de police et à des suppositions qui n'étaient que des supputations. Dans ce film de procès à la française, d'une solidité d'airain, le scénario a ajouté un personnage de fiction, incarné par une Marina Foïs remarquable (et terrifiante par son côté obsessionnel) qui permet non seulement d'avoir un électron libre et incontrôlable mais aussi de donner un regard passionné sur ce qui se passe dans la salle d'audience. Tout est vu à travers cet acteur/témoin et autorise une vision panoramique du fonctionnement de la justice française. Très documenté sur ce sujet mais aussi sur l'affaire en question, laquelle finalement garde tout son mystère (une femme disparait. Son mari est accusé de meurtre. On n'a jamais retrouvé l'éventuelle victime), le film nous oriente évidemment vers la défense avec empathie pour celui qui devrait être présumé innocent mais nous laissant tout de même imaginer tous les scenarii possibles. Seul bémol recevable à cette mécanique impeccable : la maigre attention accordée à l'accusé justement dont on aurait pu étayer le portrait. En revanche, beau travail sur la façon dont un avocat joue de son charisme et de ses dons oratoires pour convaincre les jurés, influencer le juge et interroger les témoins. Un rôle en or pour un Olivier Gourmet en état de grâce dont la plaidoirie finale est destinée à rester dans les annales. Une intime conviction, c'est du bon cinéma français comme on aimerait en voir plus souvent.