Je précise en préambule qu'avant de voir le film, j'ignorais tout de l'affaire Viguier. Ce qui n'a rien de préjudiciable pour apprécier "Une intime conviction", au contraire.
L'originalité du film est qu'il suit la trame du vrai procès en appel. Celui d'un homme accusé d'avoir tué sa femme, malgré l'absence totale de preuve matérielle. Mais le réalisateur et scénariste a fait le choix de créer une protagoniste totalement fictive.
Nora, cuisinière et mère célibataire, jurée au premier procès, devenue défenseuse inconditionnel de l'accusé. Intimement convaincue qu'il est innocent. Et qui va devenir l'assistante officieuse de son avocat, Eric Dupont-Moretti.
Ce choix narratif est certes par moment irrationnel (pourquoi cette femme défend-t-elle l'accusé contre vents et marées ?). Néanmoins il permet un point de vue externe, et surtout il nous immerge dans une affaire moins simple qu'elle n'y paraît. Où mensonges et manipulations sont légions.
Question immersion, c'est d'ailleurs assez réussi. Antoine Raimbault adopte une approche presque documentaire, au plus près de ses personnages et du point de vue de la protagoniste (poignante Marina Foïs). Evitant les effets de style, si ce n'est les joutes oratoires des avocats. En particulier celles de Dupont-Moretti, dépeint par un Olivier Gourmet en forme.
Et loin de tomber dans un drame judiciaire banal, "Une intime conviction" en devient un thriller sobre mais efficace.