Ma critique contient des SPOILERS. Je n’ai pas vu les deux premiers opus, mais je ne pense pas que ça ait une quelconque incidence sur l’appréciation du film.
Comme le montre le plot, c’est un film d’action explosif. Il commence très fort : la première explosion surgit dès la première minute du film et le jeu de Simon, (le méchant du film, qui, après avoir fait tourner en bourrique John MacClane et la police, braque la réserve fédérale et s'enfuit au Canada, pour se faire finalement coincé par John), commence juste après. S’ensuit, avec compte à rebours à la clé, recette des films à suspense, une longue liste de scènes d’action : explosions, coups de feu, désamorçages, bastons de rue, braquage, courses poursuites, sur terre, sous terre et dans les airs. On ne s’ennuie pas. Et chapeau d’avoir tourné à New-York, une ville bondée aux rues étroites, qui donne un cadre grandiose. Mais ce côté action, le point fort du film, c’est peut-être un peu trop. Oui c’est sur-exagéré dans certaines situations, mais ça me déplait pas tant que ça. L’action démarre dès la première minute et ça ne s’arrête quasiment pas, jusqu’à la fin. 2h10 d’action. Avec des renversements de situation très brutaux et un montage très TRES rapide. Ça se passe sur une journée et c’est haletant, et ça va peut-être trop vite. Aussi, pour le dernier renversement de situation avant le vrai climax, le film finit par être poussif et la scène de fin bâclée. Hélico contre John qui a que deux balles ? Facile, on tape dans un fil électrique et vlà que l’hélico s’effondre. Game OVER « Yipikayé motherfucker ». Fan service bonjour, on fait la petite vanne et au revoir. Le film est aussi inégal : des épisodes sont surement moins intéressants que d’autres (je pense surtout à la première cabine avant Wall Street).
Aussi, un truc qui me chiffonne dans beaucoup de films d’action : le deus ex-machina. Pas de policiers dans les rues après l’explosion de Wall Street ? Qui va se rendre compte de la situation : un garçon qui passe par là, comme ça. Y’a pas un personnage qui s’est posé la question en se disant : eh en fait, faudrait faire gaffe quand même non ? Ok il faut sauver des écoliers et il y a un compte à rebours, mais c’est quoi cette précipitation de fou ? Deuxième deus-ex machina, le cachet d’aspirine. Sorti de nul part encore une fois. Comme quoi la générosité et les maux de têtes de Simon sont les causes de sa perte.
Malgré l’aspect bourrin du scénario et certaines incohérences, on se fait agréablement surprendre. Quand j’ai appris que Simon faisait une diversion pour faire ce braquage, j’étais sur le cul. C’est l’un des plus gros casses, en quantité (c’est la réserve fédérale, le boss final des banques !) et de montée de tension (le début de *The Dark Knight* (Christopher Nolan – 2008) passe surement devant). En ajoutant à cela la classe de Simon, c’était parfait.
Simon, le méchant du film, c’est le genre très intelligent mais qui peut être très brutal, un soldat poète. J’avais déjà vu l’acteur (Jeremy Irons) dans *Faux-Semblant* (David Cronenberg – 1988) où il campait quelqu’un (et son frère jumeau) de très cultivé mais aussi de très noir. J’ai appris qu’il jouait la voix de Scar dans *Le Roi Lion* (Roger Alers et Rob Minkoff – 1994), juste avant de jouer dans ce Die Hard. Oui, une voix très sournoise et charmante. Le personnage de John MacClane (Bruce Willis) est un peu mou au début, vu qu’il cuve méchamment, mais reprend vite du service. Ca bute, et ça blague avant, pendant et après. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de profondeur sur cette dimension de héros déchu qui reprend du service. Il ne se pose pas tant de question que ça et redevient le fer de la justice, comme ça, parce qu’il faut sauver New-York. Zeus (Samuel L. Jackson, qui reprend son rôle de mec vénère que j'adore, avec des fuck à chaque fin de phrase), qui devient son sidekick, est un gérant de boutique, le « grand frère » du quartier à Harlem. Il se fait entraîner dans l’histoire presque de force, et il le fait savoir puisqu’il passe son temps à s’engueuler avec John. Ce qui est plutôt drôle, et ce sera même leur tempérament qui les rapprochera. Aussi, on comprend vite qu’il a une méfiance envers les blancs.
Et on dirait que la question du racisme dans cette N-Y cosmopolite, est un thème du film. Alors pourquoi la balancer et ne pas la résoudre ? Après que John l’ai taxé de racisme, c’est fini. Zeus ne se remet jamais en question, la fin n’annonce pas qu’il ait changé d’avis. Le scénariste à balancé cette idée pour davantage différencier les compères, pour que la formule buddy movie fonctionne. Elle est vite effacée et c’est dommage. En plus, c’est d’autant plus mal venu de vouloir faire une pseudo-réconciliation entre les blancs et les noirs vu que les méchants sont (roulement de tambour) allemands ! Et, en plus, embauchés par des mecs du Moyen-Orient. Voilà, comme ça tous les ennemis de la nation sont là. Comment vouloir un minimum combattre les clichés et l’intolérance alors que nos méchants sont stigmatisés ? Pour parler encore clichés : la femme dans tout ça ? La seule meuf qui participe à l’action, qui est dans le camp des méchants, ne dit pas un mot, manie bien le couteau c’est vrai, et sa dernière scène est celle, très furtive, où Simon va copuler avec elle. Tais-toi, tue et baise. Finalement, c’est peut-être un clin d’œil (plutôt vicieux) à la domination des hommes dans les films d’action, où la femme a un rôle de soutien moral, sans participer à l’action. Si c’est le cas, c’est plutôt intelligent. Mais la femme de John ? Dans tout ce tintamarre, on apprend que John est séparé de sa femme depuis un an et qu’ils ne se parlent plus. Dernière scène du film : après tout ce bordel, John va rappeler sa femme, et a peur qu’elle soit furieuse parce qu’il lui a raccroché au nez après avoir trouvé l’ultime indice qui permettra de coincer Simon pour de bon. Et puis, fin. On en sait pas plus. Le scénariste a voulu insuffler de la romance... mais c’est loupé parce que c’est à peine développé, sorti de nul part et inintéressant par rapport au reste du film. En plus, déjà qu’elle ne participe même pas à l’action, elle se fait passer pour une râleuse qui fait plus flipper que les terroristes. Parce que oui, les femmes ça fait peur quand ça gueule, et puis il faut finir le film avec une dernière blague, qui n’a bien sûr rien à voir avec l’action principale.
J’ai développé ici deux points (le racisme et la romance), qui semblent être des détails, mais qui, moi, m’agace. Vouloir sortir des thèmes du chapeau pour donner un semblant de « profondeur » à l’intrigue, dans un film aussi bourrin, c’est mal venu. J’aurais préféré qu’on élucide ces questions plutôt que d’entrouvrir des tiroirs, sans les ouvrir en grand ou les fermer. Autant jouer la carte bourrin à fond. Et puis, j’en ai aussi parlé parce que je pense que ces questions sont rares dans les critiques du film. J’ai voulu faire mon original quoi.
Mises à part ses faiblesses, le manque de profondeur des personnages, des thèmes présents mais évités (le racisme, le terrorisme, d’ailleurs Paris avait essuyé une vague d’attentats juste avant la sortie du film), des clichés empilés et un scénario surement trop fourni, on a quand même une bonne dose d’action et un suspense haletant. On se marre pas mal aussi, comme dans un bon buddy movie, même si ça ne vaut pas la saga de *l’Arme Fatale*, à mon sens, peut-être moins spectaculaire mais plus proche des personnages. Un bon moment donc.

Créée

le 18 oct. 2015

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