"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir."
Le destin de Stephen Hawking et de Jane Wilde est incroyable. La vie est incroyable. Remarquable destin que celui de cet homme à qui on a donné deux ans à vivre dans les années soixante, et qui est encore là du haut de ses 73 ans ! Et ce n’est pas n’importe quel homme. C’est un génie, un génie que la maladie a voulu affaiblir mais qui n’a jamais perdu sa rage de vivre. Tous les tourments traversés par Stephen Hawking font que le personnage force le respect.
L’adaptation du roman de Jane Wilde, première femme du professeur, mise cependant plus sur l’aspect personnel de la vie du monsieur que sur ses travaux. C’est un peu dommage, car ce n’est pas pour sa vie conjugale que Hawking est admiré, bien que les sacrifices réalisés par l’ex-Madame Hawking vaillent le coup d’œil. Le temps passe et laisse son empreinte sur le couple. Cela donne un biopic assez classique, très académique finalement.
Un point qui mettra tout le monde d’accord est bien la qualité des interprétations. C’était déjà un peu le cas mais ça y est, c’est officiel ; Eddie Redmayne est bien devenu mon chouchou pour les Oscars 2015, puisque personne n’a voulu nominer Ralph Fiennes. L’acteur, déjà excellent lors de ses derniers rôles, livre ici une performance remarquable. Il s’implique physiquement comme émotionnellement et semble possédé par son rôle. Je n’ose imaginer la difficulté de rendre crédible un tel personnage dans sa maladie sans tomber dans la surenchère. C’est un travail toute en finesse que l’on observe à l’écran : des tocs presque imperceptibles qui parcourent un visage triste, des gestes hésitants, des larmes refoulées... Eddie Redmayne, s’il continue à choisir avec attention ses futurs rôles, risque bien de faire parler de lui pendant encore longtemps.
Moins extravagante dans son jeu, Felicity Jones excelle en simplicité. Le personnage est intéressant, bien que plus classique. Jane ne se démarque pas par un esprit brillant. Elle qui est l’exact opposé du professeur Hawking est remarquable du fait de son caractère. Elle est forte, et n’abandonne jamais rien ni personne. C’est sa force qui permettra au couple Hawking de passer tant d’années difficiles main dans la main. Autour du couple gravitent des personnages secondaires intéressants, dont la crédibilité n’est pas non plus à remettre en cause. Charlie Cox, David Thewlis et David Lloyd entre autres participent à l’histoire des Hawking sans jamais en faire vraiment partie.
Tous gravitent autour du couple. Un parti-pris parfois regrettable, surtout lorsque l’on se rend compte lors le dernier quart du film que Hawking semble devenu un personnage secondaire de sa propre histoire, alors que Jane commence à se détacher de lui.
Heureusement que les dernières images sélectionnés par James Marsh concluent sur une note d’originalité, une petite réflexion sur le temps. Ces derniers instants m’ont enchanté. Enchanteresse également la bande-originale composée par Jóhann Jóhannsson, tout comme la photographie de Benoît Delhomme oscillant entre les froideurs de l’Angleterre et le soleil réconfortant de midi.
« Une merveilleuse histoire du temps » est un beau film, souffrant par moments de son envie de tout bien faire proprement pour les Oscars. La performance de Redmayne est cependant à couper le souffle, et rend justice à ce scientifique majeur qu’est Stephen Hawking. Et puis franchement... un film où l’on remarque deux références à peine masquées à Doctor Who ne peut pas être mauvais, non ?