"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir"
Après la fessée que m'a mis Imitation Game, j'ai réfléchi à deux fois avant d'aller voir un nouveau film nominé aux Oscars. Une Merveilleuse Histoire du Temps, biopic sur Stephen Hawking au titre bien trop long (et bien trop éloigné du titre original: The Theory of Everything), semblait en effet remplir le même profil de film prétentieux qui se repose uniquement sur son acteur principal pour remporter un Oscar. C'est une pensée qui a continué de m'angoisser pendant les vingt premières minutes du film. Avant de s'envoler brusquement.
Qu'on se le dise: si Une Merveilleuse Histoire du Temps vaut bien mieux qu'Imitation Game, il n'en reste pas moins très académique, et taillé pour les Oscars. On y retrouve en effet les codes du biopic traditionnels, et aucune originalité digne de ce nom dans le scénario (ou plutôt dans l'adaptation, pour le coup), et même certains défauts plutôt grossiers. Quand j'évoque ces trois points, je pense respectivement au fait que soit davantage abordée la vie sentimentale de Hawking plutôt que sa vie professionnelle, au fait qu'aucune tension n'est vraiment maintenue (ce qui provoque quelques longueurs) et au fait que sous prétexte que Stephen Hawking est un physicien de renom, il doit forcément embrasser sa première petite amie sous un feu d'artifice, dans un bal, à minuit, avant que le carrosse ne se transforme en citrouille (hum, je crois que je m'égare un peu).
Passé ces défauts qui, en apparence, garantissent un film moyen et un biopic banal, on rentre dans le vif du sujet. A partir de trente minutes à peu près, la magie opère et l'on entre dans le film; et surtout, on se laisse subjuguer par le jeu d'Eddie Redmayne, qui est réellement hallucinant. Les personnages gagnent en complexité, on s'attache à eux, on suit avec compassion ce Stephen Hawking presque reconstitué à la perfection se faire dévorer petit à petit par la maladie, sans que le film ne tombe réellement dans le pathos ou le tire-larmes. Au contraire, c'est là où le couple formé par Redmayne et Felicity Jones (qui joue sa femme) est bon: il est reconstitué avec justesse, et on y croit.
C'est là que je me contredis avec ce que j'ai énoncé dans mon deuxième paragraphe: si le couple est niais et cliché au début, comment peut-il être juste ? Eh bien, c'est toute la beauté de ce biopic: rendre la rencontre magique, pour ensuite déconstruire plus aisément la magie du couple, et créer un vrai contraste. Je pense que c'est là que le film m'a réellement surpris: moi qui m'attendait, à l'instar d'Imitation Game, à un biopic où tout serait tourné vers le personnage principal, ici il est parfois perçu comme une gêne, notamment par sa femme qui va éprouver de plus en plus de difficulté vis-à-vis de son mari qui est complètement dépendant d'elle. D'ailleurs, j'ai appris plus tard que le film était à la base inspiré du livre qu'a écrit la femme de Stephen Hawking, d'où l'importance de sa place dans Une Merveilleuse Histoire du Temps.
Ce film est d'autant plus agréable qu'il bénéficie d'une réalisation et d'une photographie plutôt bonnes: je pense à certains plans (dans l'opéra par exemple) ou à cet espèce de filtre qui rend l'image lumineuse. Une photographie donc, qui rejoint parfaitement la "philosophie de vie" de Hawking, telle qu'il l'énonce à la fin du film et telle qu'on la déduit tout au long du film: "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir".
On retiendra donc de nombreuses choses de ce film: plus de qualités que de défauts. Au final, Une Merveilleuse Histoire du Temps se révèle être une bonne surprise qui révèle Eddie Redmayne en tant que concurrent très sérieux pour l'Oscar 2015 du meilleur acteur. En attendant de voir, bien entendu, la performance de Michael Keaton dans Birdman.