Karin Viard et Alex Lutz sont amis dans la vraie vie et cela se voit tant leur complicité transpire à l’écran. Ils ont eu envie de faire un film ensemble et ont profité des confinements pour écrire « Une nuit », qu’ils ont tourné à la levée des mesures en 2022. Le hasard a fait qu’elle a fini par le produire et lui le réaliser. C’est donc vraiment une œuvre entièrement faite par eux deux et pour eux deux. Ils se sont fait plaisir, cela se ressent également à chaque minute du film. La confiance mutuelle est prégnante et la camaraderie qui en découle est évidente. Elle déteint forcément sur le film puisque tous les deux livrent des compositions impeccables, en osmose, et qui se répondent parfaitement le temps d’une valse romantique, fondue dans la nuit parisienne.
Le principe de ce long-métrage est donc presque conceptuel puisqu’on y voit une rencontre de deux personnes mariées qui se disputent pour finir par s’étreindre et ne plus se lâcher le temps d’une errance nocturne estivale. Deux acteurs, une unité de temps et de lieu et valse l’amour et le désir... Le problème majeur qui se profilait pour « Une nuit » n’est malheureusement pas évité: il est inégal. Certaines séquences magnifiques se disputent avec d’autres qui confinent à l’ennui et qui nous désintéressent poliment. Par exemple, leur rencontre/dispute dans le métro, la scène dans le restaurant japonais ou encore celle dans le club échangiste sont des séquences très belles et réussies, tour à tour drôles et surprenantes, quand d’autres s’avèrent même presque envoûtantes. Mais il faut aussi se farcir celle qui ne fonctionnent pas, qui sont trop longues ou qui ne captent pas notre attention comme la (très) longue scène sur les quais au début du film ou celle au Bois de Boulogne. Après cela dépendra de l’intérêt de chacun pour les sujets évoqués.
Concernant lesdits sujets, le couple à notre époque, l’amour et les relations hommes-femmes sont au centre de l’équation. C’est plutôt bien vu, toujours dans le vrai et non sans ironie. Il y a forcément beaucoup de dialogues, on pourra trouver en effet « Une nuit » bien trop bavard, qu’il ne laisse pas assez de place au silence. Mais beaucoup de choses dites le sont à raison. On évite également le Paris de carte postale, pour un Paris plus réaliste et anodin. « Une nuit » aurait pu se conclure sur leur séparation mais il se pare d’une conclusion fantasmagorique maladroite et inutile dont le film aurait dû se passer. Mais si on aime ces deux acteurs, cela reste agréable de les voir à nu dans un film écrit par leurs soins et plein de moments de grâce malgré ceux d’ennui poli. Une œuvre intime et agréable si on aime ces deux acteurs et qu’on fait fi d’un intérêt en dents de scie.
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