Walter Arbeit,militant écolo-naturiste fanatique,découvre un trafic de Légions d'Honneur dirigé par le député royaliste Octave Leroy avec la complicité de son ministre de beau-frère.Le nudiste tente de faire éclater le scandale avec l'aide d'Henriette Brulard,leader d'un parti d'extrême-gauche.Encore un Mocky complètement barré que cette fable politique s'inspirant d'une véritable affaire ayant eu lieu avant-guerre et dont le titre est un hommage aux Marx Brothers.Le problème est que l'ami Jean-Pierre se laisse une fois de plus aller au n'importe quoi total,confondant comme souvent anarchisme et anarchie.Réalisateur,monteur et scénariste du film,il en a pourtant écrit le script et les dialogues avec l'écrivain Patrick Rambaud,qui obtiendra le Prix Goncourt en 97,avec qui il avait déjà collaboré sur son film précédent,"Les saisons du plaisir",dont on retrouve ici une bonne partie de la distribution.Des moyens importants ont été alloués par le producteur André Djaoui,ce qui a permis une impressionnante reconstitution de l'Assemblée Nationale dans un ancien entrepôt des vins du Postillon.Mais rien n'y fait,l'oeuvre est plombée par une mise en scène relâchée,une musique de fanfare tonitruante d'un Gabriel Yared qu'on a connu plus subtil,mais sans doute a-t-il fait ce que lui demandait Mocky,familier de ce type de tintouin,et surtout une histoire sans queue ni tête animée par un casting de qualité très variable.Le cinéaste a voulu brocarder les moeurs politiques,ce qu'il avait brillamment fait dans son excellent "Y a-t-il un français dans la salle?",mais cette fois il ne peut s'appuyer sur un formidable roman de Frédéric Dard et son intrigue part dans tous les sens avec une désinvolture lassante.Ses "bons" personnages sont peu intéressants et les méchants sont si ridicules et caricaturaux qu'ils ne représentent aucun danger ni même une quelconque antipathie.C'est plein de gags pas drôles et de situations foldingues mais traitées sans la moindre maîtrise ni le moindre élan dramatique et on a le sentiment d'assister à un vaste canular d'une désespérante puérilité.Pour donner une idée du niveau sachez que le vilain royaliste s'appelle Leroy alors que le député pourri se nomme Dugland,on voit tout de suite qu'on va se poiler.Les dialogues sont d'une affligeante pauvreté et les protagonistes à l'extrême limite de la trisomie,ce qui annule d'emblée toute la dimension insolente que souhaitait probablement instiller Mocky.En l'état,tout ça tient plutôt des chamailleries de cour d'école ou d'imitation ratée de l'esprit Canard Enchaîné par des collégiens demeurés.L'auteur a comme d'habitude gueulé que son film aurait été censuré,retiré abusivement de l'affiche,privé de publicité parce qu'il "gênait" avec son terrible brûlot terrifiant la classe politique.Il aurait mieux fait de se demander si ce n'est pas la nullité du produit qui l'a conduit à être écarté des écrans.C'est dommage parce qu'il y avait de quoi faire sur un tel sujet,avec un tel financement et de tels acteurs,mais on doit se contenter des éclairs de bizarrerie propre à l'univers mockyen et de la galerie de freaks qu'il affectionne exhiber devant la caméra.De ce point de vue on est comme de coutume servis avec cette bande d'amateurs à la diction pâteuse aggravée par un son et une image légèrement désynchronisés,ce défilé de physiques baroques et de particularités frappant les personnages,avec un espion trimballant un chien agressif et lesté d'un tic de langage,un ministre avec une tache sur le visage en forme de carte de l'Afghanistan,des femmes journalistes parlementaires écumant les coulisses du Palais-Bourbon à la recherche d'élus à éponger en vue d'obtenir des scoops,un agent de la DST plein de prothèses qui se détachent,un député qui pète en séance à heure fixe et bien d'autres spécimens de tarés divers.Le supplément du jour consiste bien sûr en l'ajout d'une communauté de nudistes occupant un centre en région parisienne,cerné par les voyeurs,et qui aiment à se balader à poil même à l'extérieur de leur domaine.Michel Blanc fait à ce propos un immense numéro,s'affichant verge au vent et cul à l'air pendant pratiquement tout le film avec un naturel bluffant.Il parvient à être crédible dans le rôle de cet écolo-warrior ultime adepte de la vie saine et ne supportant pas les vêtements,dont il se débarrasse dès qu'il le peut.C'est sa seule apparition chez Mocky mais elle est assez mémorable,le réalisateur le filmant sans faux-semblants et exhibant en pied le corps de sa vedette,de manière frontale.Les scènes du camp de nudistes sont un peu glauques vu qu'elles impliquent des enfants et une femme enceinte,tous à loilpé évidemment,mais peut-être les mômes ont-ils été recrutés dans des milieux naturistes comme les figurants utilisés lors de la scène où tous les députés de l'Assemblée sont nus.Jean Poiret est à son habitude fabuleux en magouilleur monarchiste si faux-jeton qu'il retombe toujours sur ses pieds alors que Jacqueline Maillan est bien pâle en épigone d'Arlette Laguiller et prouve une fois de plus que le surjeu ne peut remplacer le talent.Elle forme avec Jean Benguigui et Isabelle Mergault un étrange trouple de gauchistes allumés.Darry Cowl fait bien des manières mais son cabotinage stérile condamne l'espion qu'il incarne à l'insignifiance pendant que Bernadette Lafont se lâche dans un exercice d'hystérie stupide et insupportable.Roland Blanche est impeccable comme toujours en ministre corrompu et Josiane Balasko fait un amusant passage en journaliste nympho qui viole presque Blanc,son pote du Splendid.Voilà pour les stars,après il y a les seconds couteaux,dont la plupart forment l'inévitable troupe indissociable des films de Mocky.Luc Delhumeau est graisseux et répugnant à souhait en député pourri souriant,François Toumarkine est parfait en tripatouilleur multicarte grenouillant dans les arcanes de la politique,la grosse Anne Zamberlan est son épouse neuneu,Dominique Zardi campe un agent de la DST inquiétant mais pas malin flanqué d'un Jean-Pierre Clami hilarant qui perd bras et jambes lors de ses pérégrinations et de l'albinos flippant Moïse Partouche.On a aussi l'incontournable Jean Abeillé en moine trouillard,Michel Francini en colonel décoré qui bave,Christian Chauvaud en député gueulard,Marcel Gassouk en pompier,le hardeur bisexuel Carmelo Petix en nudiste,emploi occupé également par Antoine Mayor qui Dieu merci est cadré haut,on échappe au pire,et Sophie Moyse,la monteuse et compagne de JP,en journaliste-pute.En prime survient une petite participation de l'acteur noir Baaron,rendu autrefois célèbre par les émissions télé de Collaro dans lesquelles on le voyait frapper un gong en criant "pub!".