Il y a des films qui te prennent par la main et t’installent confortablement dans un univers bien balisé. Et puis il y a Une nuit en enfer, qui te colle un flingue sur la tempe, t’entraîne dans un road-movie moite et poisseux… avant de basculer dans une autre dimension en plein vol. Un film qui commence comme du Tarantino pur jus et finit comme un cauchemar fiévreux signé Rodriguez.
Un polar sous tension... jusqu’au point de rupture
Dès la première scène, le ton est donné. Violence sèche, dialogues acérés, ambiance poisseuse digne d’un roman noir transpirant l’alcool et la poudre. On suit les frères Gecko (George Clooney en mode badass et Quentin Tarantino en psychopathe glaçant), criminels en cavale traînant derrière eux une odeur de sang et de souffre. Leur plan ? Traverser la frontière mexicaine pour se planquer. Mais avant ça, ils doivent faire profil bas… ce qui, on le comprend vite, n’est pas leur spécialité.
Et c’est là que le film brille, dans cette première partie tendue comme la corde d’un pendu. Le script joue avec nos nerfs, le malaise est omniprésent, chaque dialogue semble dissimuler une menace. Clooney, charisme en acier trempé, est parfait en leader implacable, tandis que Tarantino, dans l’un de ses rares rôles majeurs devant la caméra, compose un personnage dérangeant à souhait.
Puis… la folie. Pure. Totale.
Mais voilà, Une nuit en enfer n’est pas qu’un thriller crasseux. C’est un piège narratif magistral, une grenade dégoupillée qui explose au moment où l’on commence à croire qu’on a compris le jeu. Soudain, le film se déchaîne, partant dans une direction que personne ne voit venir, dynamitant les règles qu’il avait lui-même posées. Pas question d’en dire plus, mais sachez que Robert Rodriguez ne fait pas dans la demi-mesure.
Et au cœur de ce grand huit baroque et déglingué, une apparition mythique : Salma Hayek en déesse fatale, incarnation pure du fantasme et du danger. Une scène hypnotique, gravée dans l’histoire du cinéma, où elle capte la lumière comme une divinité antique avant que tout ne dérape. Un moment suspendu, à la fois envoûtant et terrifiant.
Un film culte, un ovni brûlant
Difficile de classer Une nuit en enfer. Polar, horreur, action, délire grindhouse ? Peu importe. Ce qui est sûr, c’est que Rodriguez et Tarantino ont accouché d’un film-monstre, un hybride sauvage qui électrocute son spectateur à coup de twists brutaux et d’images iconiques. Si la deuxième partie peut diviser, impossible de nier son audace : ce film n’a peur de rien et ne ressemble à rien d’autre.
En bref ? Un trip dont on ne ressort pas indemne, un coup de fouet cinématographique qui prouve qu’avec Tarantino et Rodriguez, on n’est jamais à l’abri… d’une nuit en enfer.