Faire un film basé sur les mémoires d'un mec encore vivant qui drive le projet, c'est douteux. Mais faire un film basé sur les mémoires d'un mec encore vivant qui drive le projet en abordant un sujet éminemment politique sans faire de la politique, c'est pire.
Parce que oui, on peut difficilement parler de la population rurale blanche et prolétaire sans parler de lutte des classes, de capitalisme américain, mais aussi des dynamiques raciales.
En fait, je crois que ce que beaucoup de personnes ne pigent pas, c'est qu'on peut parler d'un problème social et politique sans écrire un tract militant, parce que ne pas le faire, c'est juste occulter une partie importante de la réalité, et une clef de compréhension primordiale.
Mais bon, ce n'est visiblement pas ce qu'a voulu faire ce film qui touche à tout sans jamais faire mouche avant de se transformer en success story insipide qui culmine dans un happy end ridicule après nous avoir bombardé de noirceur pendant quasi deux heures. Même les performances de Meryl Streep et d'Amy Adams (qui sont des actrices formidables au demeurant) n'auront pas réussi à sauver ce traquenard, qui réduit le mépris de classe à deux commentaires pas fins en soirée et la culture bourgeoise légitime à une affaire de couverts.
Encore une fois, je m'interroge sur la pertinence de ce genre de navets aux oscars.