Une page folle par Alligator
Enorme découverte pour ma part que ce film pas loin d'être expérimental où il n'est pas difficile de déceler les influences européennes.
Certains parlent de l'expressionnisme allemand. J'ai bien plus pensé au montage à la Eisenstein, ultra rapide et condensé, syncopé, haché, à l'image des cadres découpés, raturés par les barreaux de cet asile que filme Kinugasa.
On pense aux surréalistes avec ces visions oniriques ou psychiques de la folie la plus violente.
Quoiqu'il en soit, le cinéaste convoque un lot impressionnant d'effets de caméra, de symboles et de jeux de lumières et d'ombres pour formaliser les délires de cet hôpital psychiatrique. Les comédiens sont tout aussi bluffants.
La musique joue un grand rôle également tant elle se marie parfaitement au montage ultra rapide. Je suis presque sûr que je ne pourrais supporter cette trame sans les images qui vont avec. Répétitive, mécanique, stridente parfois, elle est totalement en adéquation avec le film, s'apprécie justement parce qu'en complète symbiose avec l'histoire et la mise en scène de Kinugasa. C'est assez rare pour le souligner, la musique fait corps et ne se suffit certainement pas à elle même. Indissociable. Inepte par ailleurs, ici elle prend tout son sens. Juste.
Le tout permet une expérience cinématographique qui laisse baba d'admiration et en même temps, exténué par le rythme soutenu (j'ai vu la version de 58 min, une course poursuite intense).
Vu sur un vieil enregistrement vhs, j'ai hâte de trouver une édition dvd digne de ce petit bijou d'invention et de puissance.