J'ai le droit de vivre.

En sortant tout juste de sa vision, je me permets de commencer par une question un rien provocante ; est-ce qu'Une question de vie ou de mort ne serait pas un des plus beaux films du monde ?

Car il y a une véritable puissance émotionnelle dans cette histoire, où un pilote anglais tombe amoureux d'une opératrice américaine peu avant que son avion s'écrase, juste en entendant sa voix. Il va sauter de la carlingue en flammes sans parachutes, dans un épais brouillard, mais cette décision va perturber le Paradis où on constate que malgré sa chute, il est encore en vie, alors qu'il devait mourir. Il va en résulter un procès pour savoir si oui ou non, il garde son droit de vivre.

Conçu à l'origine pour pacifier les relations parfois tendues entre l'Angleterre et les États-Unis au sortir de la guerre, d'où le pilote anglais et l'opératrice américaine, c'est un mélodrame qui m'a bouleversé, car c'est au fond l'amour qui triomphe même de la mort, avec ces images vraiment incroyables, signées Jack Cardiff, pour son premier film en couleurs, où les scènes sur Terre sont en couleurs et celles au Paradis en noir et blanc. Ces plans donnent parfois le vertige avec tout ce travail sur la couleur justement, qui sont claires au possible, et le matte painting sur les scènes en noir et blanc, où il y a un travail commun avec le chef décorateur remarquable. Dans ces décors, on pense parfois à ce que fera Jean Cocteau dans Orphée.

Dans les acteurs principaux, on retrouve David Niven et Kim Hunter, dont leur charme est indéniable, car ils représentent l'un pour l'autre la plus belle chose qui soit, et on le voit dans la mise en scène qui rappellera plus tard des travaux de Douglas Sirk. Il y a aussi Marius Goring qui est à souligner, car il est le guide céleste qui vient se présenter à David Niven pour lui annoncer comme quoi il devait mourir, et il représente, pour nous français, une touche d'humour bienvenue, car il était un révolutionnaire français qu'on avait guillotiné, d'où les foulards qu'il porte, et c'est l'occasion de l'entendre parler français (parfaitement) à plusieurs reprises !

D'ailleurs, dans les scènes où intervient le guide, l'image se fige, ne laissant se mouvoir que David Niven, et les autres acteurs dans le champ s'immobilisent eux aussi. Ce qui est amusant, car on voit très bien qu'ils prennent une pose fixe, mais qu'ils bougent encore légèrement ! Mais là aussi, ce qui pourrait être un gimmick facile va mener à une scène magnifique à base de larme qui sera déterminant dans le futur procès du pilote David Niven.
Une question de vie ou de mort fait partie de ces rares films où je ne vois pas de défauts, tant tout y est parfait, avec le budget qui se voit à l'écran, mais aussi par la force de son sujet. Celui d'aimer une personne simplement en entendant sa voix, puis que cet amour lutte contre la mort.

Chef d'oeuvre absolu !