Une Séparation. Ça faisait un moment que je l'avais sous le coude, et je n'avais jamais pris le temps de le regarder. Je n'en faisais pas une priorité, et d'ailleurs j'en avais pas tellement entendu parler. Puis, en voyant les excellentes notes ici-même, ainsi que sur Allociné, je me suis dit que je ratais peut-être quelque chose. Let's go.
Au début, c'était pas gagné : les premières minutes sont un peu longuettes, on patiente sagement, on découvre les personnages, on s'interroge sur les intentions du réalisateur.
Puis intervient l'élément perturbateur, cette "bousculade" dans l'escalier. A partir de là, tout se délie, et les enjeux dramatiques se mettent en place. Une lutte sans merci dans l'optique de faire éclater la vérité.
Un face-à-face poignant, percutant ; le spectateur assiste au duel à distance et change de camp au fil des arguments qui fusent de part et d'autre. Qui dit vrai ? Qui ment ? Que s'est-il passé ce jour-là ? Le doute est omniprésent et les manipulations permanentes.
Un peu à la manière des frères Dardenne, Une Séparation se veut résolument réaliste, avec une caméra toujours plus proche des acteurs qui jouent leur rôle avec une facilité déconcertante.
Du coup, la tension est d'autant plus palpable, un certain malaise s'installe, jusqu'au dénouement qui finit de nous achever.
Le propos est d'autant plus pertinent qu'il s'intègre dans un quotidien iranien où les femmes cherchent leur place, cherchent à s'affirmer. Le film n'oublie pas non plus de montrer qu'il s'inscrit dans une société actuelle où les tabous s'imposent, où la manipulation est de mise, où les mensonges sont bien présents, où les traditions s'opposent à la modernité.
A la fois peinture sociale et peinture des comportements humains, Une Séparation sonne juste à chaque instant et nous tient en haleine jusqu'au bout, grâce à une mise en scène irréprochable.
On peut juste reprocher au long métrage de lorgner vers le théâtral, ce qui peut rebuter certaines personnes (j'avoue que parfois ça m'a gêné).
D'habitude, je pars toujours avec un a priori envers ce genre de film, qui sombre souvent dans la facilité, dans le larmoyant. Hors là, tout pathos est exclu, et Asghar Farhadi se contente de faire ce qu'il sait faire : filmer avec sincérité un drame familial qui se joue sous nos yeux.