Un carton d'introduction prévient doublement les spectateurs : ceci est du cinéma et n'a que peu à voir avec la réalité ; tous les pupilles de la nation ne sont pas des criminels. Ceci posé, le film est plus triste qu'un jour de pluie. D'ailleurs, il tombe des cordes sans discontinuer dans ce village côtier de la mer du Nord, hors saison. Gérard Philipe, blafard, arpente les dunes ; Madeleine Robinson, taiseuse, console les malheureux ; Jean Servais, inquiétant, joue les balances. Atmosphère humide et néanmoins poisseuse rehaussée par le noir et blanc sublime de Henri Alekan. Avatar tardif du réalisme poétique du cinéma français des années 30, le film correspond à la meilleure période d'Allégret, entre Dédée d'Anvers et Manèges. Plombant mais prenant.