Dix ans après le documentaire choc qui avait bouleversé les consciences, Al Gore fait le bilan des engagements pris pour endiguer le réchauffement climatique. Dans sa volonté d'apporter un peu d'optimisme au noir tableau peint en 2006, Une suite qui dérange met son auteur au centre du débat et s'endort parfois sur ses lauriers.
Une suite qui dérange s'ouvre sur un Al Gore découragé et lucide qui avoue parfois se battre contre des moulins à vent. L'ex-Vice-Président, qui reste une figure de du militantisme pour l'écologie, force l'admiration et le respect. Peut-être a-t-il souhaité se rappeler que les petites victoires comptent, et peut-être a-t-il raison.
Ainsi, il s'attaque à ses détracteurs, démontrant qu'il avait raison sur un certain nombre de prédictions : la désagrégation du Groenland qui se transforme en "gruyère", les inondations de plus en plus fréquentes, les records terrifiants de température dans le monde ces quinze dernières années. Il revient et insiste sur le ridicule absolu de certains élus â prendre part au combat pour la planète. L'ombre menacante de Donald Trump rôde sur ce documentaire comme sur de nombreux autres cette année.
D'un autre côté, Al Gore présente le solaire comme lueur d'espoir pour un futur 100% renouvelable. Il s'arrête aussi sur la Confrence de Paris 2015 sur le climat, et c'est ici le premier problème. Les engagements pris lors de l'événement sont assimilés à une victoire, sans mentionner la pauvreté des engagements pris (insuffisants, d'après de nombreux organismes). Ensuite, il le présente comme une victoire dont il serait largement contributeur, ce qui rend l'ensemble assez dérangeant. Enfin, il s'appuie sur les événements du 13 noveembre en France pour créer l'émotion autour de son récit, ce qui sonne faux et intrusif.
À l'image de ce point précis, Une vérité qui dérange semble aborder les problématiques au travers de cas précis, sans livrer de bilan global, et surtout, sans expliquer vraiment où nous en sommes à présent. Où est la verve du premier opus ? Que léguons-nous à nos enfants ? On ne retrouve plus cette démonstration implacable qui donnait la rage de se battre et d'agir. Une suite qui a plus tendance à endormir qu'à déranger.