Apprenti manutentionnaire, Christian commence un nouveau travail de nuit dans un supermarché de banlieue allemande. Les tâches qu’on lui confie n’ont rien de passionnant, mais elles conviennent à la personnalité de ce garçon discret. De plus, il y a Marion du rayon confiseries qui ne le laisse guère indifférent.
Deux ou trois véhicules hantent encore le grand parking tombé dans l’oubli de la nuit. A l’intérieur, les longues allées bordées de rayons d’où rien ne dépasse ont été désertées par les clients du jour. Entrent alors dans la danse, les autolaveuses. Ces machines entament une valse sur les premières notes du Beau Danube.
Quand transparaît le visage de Marion derrière les bouteilles qu’il aligne, ce n’est pas la foudre qui frappe le cœur de Christian, mais le chant des vagues caressant le sable. Celui qui dissimule, sous son col et ses manches, ses tatouages, comme son passé, semble enfin se réveiller. Mais dans cette prison borgne du consumérisme, la mer n’est qu’un rêve inaccessible : les palmiers ne font que tapisser les murs, les poissons s’asphyxient dans un aquarium d’eau sale, une lampe halogène remplace le soleil d’Ibiza, et la plage n’est qu’un puzzle inachevé.
Ces rares instants de poésie n’égayent aucunement ce microcosme d’un autre âge dans lequel une enclume pend à chaque oreille des personnages. Aucun éclat ne surpasse le jaune indigeste de ces images dépassées. De quoi, peut-être, attiser la flamme des « ostalgiques » germaniques, tout en plombant les paupières des autres.
4/10
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