Plus linéaire dans son récit et moins expérimentale dans sa mise en scène que sa trilogie précédente, le nouveau film de Terence Malick convoque avec fluidité et grâce la destinée d'un paysan autrichien questionnant la foi transcendantale d'un idéal sur l'autel d'une dogmatique religieuse et spirituelle écrasant de sa force persuasive tout le libre arbitre censé regir l'expérience humaine. Parfois excessif dans sa volonté de recourir à des références christiques et philosophiques trop abstraites (spécialement pour qui ne ne se sent pas concerné par le catholicisme et le christianisme), il demeure cependant extrêmement judicieux dans sa propention à rendre son oeuvre oecuménique par la volonté qu'il possède de dépasser le contexte historique spécifique du nazisme. Que peut le courage et la volonté inébranlable d'un individu dans une situation inextricable face au pouvoir insubmersible d'une masse uniforme et endoctrinee, que celle ci soit politique ou sociétale? Plus encore nos décisions sont elles toujours mues par la supposée rationalité de l'esprit humain ou sagregent telles plus souvent qu'on ne le pense par des critères subjectifs qu'on ne peut toujours conscientiser et maîtriser? Dans la veine introspective de la pensée façonnée par ses maîtres en philosophie que sont Kierkegaard et Heidegger, il nous laisse juges et partie sans avoir les réponses aux nombreuses questions qu'il ne cesse se poser depuis son avènement dans la cinéphilie mondiale. On y retrouve également nombre de substrats de son attachement particulier aux forces de la nature et une attention jamais démentie pour la miséricorde. Je préfère de mon côté ses précédentes tentatives extatiques qui creusaient au plus haut point la radicalité de son expérimentation cinématographique, mais je ne pourrais que recommander ce retour à une forme plus classique mais non moins somptueuse de sa riche et foisonnante filmographie