Critique publiée originalement sur Medium.
Le film de terrence Malick, unique, revient sur l’histoire méconnue de Franz Jägerstätter, objecteur de conscience pendant le seconde guerre mondiale
Une vie cachée raconte L’histoire et les prises de décisions de Franz Jägerstätter, fermier Autrichien, qui refusa de combattre pour le Troisième Reich ainsi que de prêter serment à Hitler. De l’impacte sur sa famille. Des tentatives de persuasions des ses proches, voisins et tortionnaires pour le faire plier.
Franz Jägerstätter, longtemps oublié, est ramené à la mémoire collective par Gordon Zahn, sociologue et pacifiste, qui publia une biographie en 1964… Aujourd’hui c’est le réalisateur Terrence Malick qui fait entrer le personnage d’Une vie cachée dans son panthéon cinématographique.
Les aficionados retrouverons un Malick toujours en forme. Avec une histoire à raconter, celle de Franz Jägerstätter, pas seulement des errements oniriques. Tout en gardant ses questions métaphysiques, spirituels et la beauté contemplative de ses plans baignés d’une lumière naturelle. Alors que beaucoup de ses films pourraient interchanger leurs scènes, une vie cachée, prend une place unique dans sa filmographie de par la localisation, de son intrigue et ses thèmes.
Saurions-nous reconnaître le mal quand il se présente à notre porte ? Serions-nous prêt à garder notre éthique, notre foi, intacte quoi qu’il en coûte ? Et quand bien même cela ferait-il une différence ? Devrions-nous vraiment tout abandonner ? Même nos responsabilités envers les autres ? Quitte à ce que nos choix aient des répercutions dramatiques sur nos proches ?
Une vie cachée revient sur des questions essentiels. Des questions de principes et de morales. C’est notre âme que veut sauver le père Terrence Malick. Il nous met au défit d’être au rendez-vous du moment décisif de notre légende personnelle. Terrence Malick rend hommage aux oubliés, les gens qui ne sont rien, qui résistent dans la simple pudeur de dire non.
On ne peut pas non plus retirer la foi du personnage principal, c’est elle qui lui sert de compas moral malgré les trahisons des autorités religieuses. L’histoire vraie de Franz Jägerstätter, elle, pourrait faire penser à un fou de dieu. Mais un fou de dieu pacifiste.
Reste Franziska Jägerstätter, interprétée par Valerie Pachner, qui se retrouve à devoir faire face aux conséquences des choix de son mari. Jamais consultée, elle soutiendra pourtant chacune de ses décisions. Devant se charger de la ferme seule. Mise au rebut par les villageois environnant c’est elle qui devra survivre et élever ses filles. Elle l’aimera pourtant toujours. On ne demande qu’a attendre le moment ou le destin va se retourner pour qu’elle puisse prendre sa revanche.
C’est ce dilemme qu’il nous pose : être à la hauteur de nos valeurs. sans porter de jugement. Car l’homme est faillible et nous pouvons tous nous tromper. Le réalisateur ne porte pas de jugement sur celui qui, pour aider à la subsistance de ses enfants, doit se compromettre. En ce sens le film nous renvoie à une phrase, un mantra, du réalisateur Japonais Hayao Miyazaki de “Porter sur le monde un regard sans haine”. Comme une continuité spirituelle le film nous transporte dans les hauteur de l’Autriche, au dessus des nuages, un monde qui paraissait inviolable mais que le mal et la guerre ont su trouver, comme dans le château ambulant.
Le château ambulant, Hayao Miyazaki, Studio Ghibli
La bande son. Bien-sur qu’il faut parler de cette musique composée par James Newton Howard. Pure, le thème principale nous met directement dans l’ambiance poétique empli de gravité. La mélodie nous permet de ressentir le bonheur, fantasmé, d’une vie simple, proche de la terre avec la seule chose qui compte, La famille.
Pour le reste, la photo, les dialogue, les mouvements de caméra, des acteurs,
comme dans tous les film du réalisateur, c’est dans un ambiance et dans un monde qu’on entre. Presque un rêve dont les sensations perdurent au réveil. Comme d’habitude quoi. Mais un rêve qu’on prend plaisir à retrouver.
Une vie cachée est une expérience à vivre. De celle qu’on oublie pas. Mais c’est aussi un film Malickien et il ne conviendra pas à tout le monde. Il parait que la première fois qu’on mange des huîtres on en est souvent dégoutté. C’est l’expérience et l’apprentissage qui nous permet de faire mûrir notre palais. Si on doit commencer par un film de Terrence Malick, peut être qu’il faut que ça soit celui là. Pour ceux qui son allergique ou blasé par le style du réalisateur, Une vie cachée ne vous réconciliera peut être pas avec le metteur en scène.