"Better to suffer injustice than to do it"

Je suis tellement content de retrouver un Malick de cette ampleur là ! Après un passage expérimental qui ma laissé de marbre, en gros depuis The Tree of Life, Terrence Malick rassure son monde et nous rappelle que c'est un immense cinéaste. Les plans somptueux, la mise en scène, les questionnements intérieurs, tout y est ou presque. C'est du très grand cinéma et qui plus est, un film qui a le mérite d'éclaircir les obsessions tenaces de son auteur.

La vie cachée peut se résumer en une ligne de dialogue : "Better to suffer injustice than to do it". C'est le courage d’un paysan autrichien porté par sa foi, qui défie les nazis. C'est l'apologie de l'insoumission. C'est l'odeur de la terre, des moissons, des montagnes. C'est l'odeur de l'amour vrai, du bonheur d'avoir trouvé l'être cher. C'est l'odeur d'une vie simple, interrompue par les décisions d'un pouvoir aveuglé de certitudes et d'ambitions déraisonnées.

Attention, Une vie cachée est un film qui peut vous hanter longtemps après son visionnage. C’est la quintessence du cinéma de Terrence Malick, rejoignant les rangs de La Moisson du ciel (1978), La Ligne Rouge (1998) et Le Nouveau Monde (2005). Si vous voulez ouvrir votre esprit et avoir un cœur ouvert, prêts pour une expérience sensorielle, vous devez expérimenter le cinéma de Terrence Malick. C’est un vrai bol d’air frais, avec par moments cette impression que tout est improvisé et avec cette dimension de véracité si caractéristique de son cinéma naturaliste et vivant.

Terrence Malick semble jouer avec la lumière, les couleurs et les formes, dans toutes ses nuances, ses revers ou paradoxes. Son cinéma interroge, intrigue, voire même fascine (me concernant en tout cas). Alors certes, les magnifiques paysages autrichiens aident bien, avec leurs montagnes vertigineuses, la très belle BO de James Newton Howard, deux acteurs transcendés par leurs rôles, la poésie des sentiments ... tout ça, c’est magnifique. Sans oublier l'intelligence du montage avec les images d’archive de la seconde guerre mondiale, impressionnantes et hautement symboliques, qui sont intégrées de manière très intelligente dans le métrage.

Je dois tout de même vous avertir, le rythme du film est doux et lent, parfois un peu trop lent. C'est un très beau film, mais il souffre tout de même de quelques longueurs, notamment dans sa seconde partie (les scènes d'enfermement et de sévices). Encore que, le rythme lent participe à la musicalité "poétique" du film et rende harmonieux l’ensemble du métrage. Et puis, le fait de faire côtoyer la langue allemande et l’anglais peut interroger. Mais après tout, la langue allemande semble également être là pour installer une ambiance, comme un paysage sonore en arrière plan. Toujours négativement, je peux aussi comprendre certaines critiques qui lui reprochent son côté trop "auteurisant". Son cinéma témoigne d'un enthousiasme et d'une exaltation qui (parfois) peuvent paraitre excessifs, mais après tout on peut tout aussi bien se laisser porter par l'ensemble et rejoindre cette idée de voyage.

Mais pour moi, La Vie cachée n'est pas un film "auteurisant", c'est un film exigeant. C'est du vrai cinéma (cadrage, plan, lumière ...) qui va vous mettre une véritable claque sensorielle ... et des claques sensorielles comme celle-là, moi j'en redemande. La vie cachée c'est le film tant attendu qui me réconcilie avec le cinéma de Terrence Malick. Je pense le revoir, parce que la première demi-heure m'a littéralement renversé, même si par la suite je l'ai trouvé un peu trop long.

lessthantod

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